De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Qui détient les clefs de la cité ? C'est assurément le maire, dirait l'adage. Toutefois, cette notion aura perdu son sens au niveau des APC. L'absence d'un pouvoir absolu du premier responsable élu de la ville entraverait considérablement son champ d'action, en le limitant à des œuvres pour le moins «facultatives» et, pourtant, il faudrait se plier à cette exigence, voire à cette loi. «On est vidé de notre substantifique moelle. Cela dit, les grandes décisions en matière d'attribution de logements, de locaux, de terrains… ne relèvent pas des prérogatives de la commune. En quelque sorte, on est limité à assurer la salubrité et l'hygiène de la ville sans plus. Alors que le rôle de la municipalité s'élargit à d'autres préoccupations», souligne M. Chibane Abdelhamid, édile de Constantine. En fait, sa propre vision sur la charte régissant l'activité communale est perçue comme une anomalie. Ce dernier, avec qui on s'est entretenu mardi soir, nous fera part de la nécessité de «revoir la copie du code communal, en donnant plus de liberté et de latitude au président de l'APC». Et de renchérir : «Tout doit passer par moi. C'est au magistrat qu'incombe la fonction de façonner la ville !» Ainsi, il va sans dire que la réhabilitation de cette fonction est la revendication principale de Chibane, qui a déjà évoqué le sujet lors de la première formation qu'ont suivis les P/APC en décembre dernier. «Si l'occasion m'est présentée samedi prochain à Alger, je relancerai la même option», indique-t-il. Pour soutenir son argumentaire, il mettra en exergue quelques obstacles engendrés par «les nouvelles dispositions contraignantes, l'ayant obligé de libérer les jeunes travailleurs qui ont dépassé l'âge de 30 ans pour les remplacer par d'autres, dont l'âge est inférieur et, de surcroît, mariés. Du jour au lendemain, la commune se désistera de 255 employés (femmes de ménage, gardiens,…) sur les 270 qu'elle renferme. Quel couple travaillerait pour une rémunération insignifiante ? Nos établissements vont souffrir du manque de gardiennage». Dans le même contexte, les dispositifs d'emploi, par les CID, CIP et CFI, sont fort décriés, du fait de leur «gel». Autrement dit, la commune n'en tire pas profit pour étoffer son administration. On privilégie l'enrôlement des jeunes dans le secteur économique, avance la même source. Evoquant d'autres aléas, Chibane déplore l'absentéisme et le laxisme chez certains, en disant : «Dans la commune, nous héritons de vieux réflexes, remontant à la nuit des temps, et qui ne vont certainement pas être chassés d'ici demain.» Il est à savoir, cependant, que l'APC de Constantine active sous une coloration FLN avec une majorité relative, soit 13 sur les 30 sièges pourvus. Dernièrement, elle a eu des visites «surprises», l'UGTA et le SNAPAP. Ce tandem syndical est sollicité par le magistrat pour œuvrer à améliorer et à conforter les conditions socioprofessionnelles des fonctionnaires y adhérant, en dépit des remous ayant précédé la naissance de cette fédération forte de plus de 3 000 travailleurs. En huit mois, après son élection à la tête de la commune, l'assemblée s'est attelée à mettre de l'ordre dans l'état civil, et a construit une salle de mariage située à El Kantara, venue suppléer «l'ancien taudis nuptial» de Sidi Rached. Au plan urbanistique, l'actuelle composante gère le lourd tribut légué par l'ancienne équipe, qui se résume à des chantiers n'ayant pas été finalisés. Par ailleurs, on songe à refaire les courts de tennis avec une enveloppe financière conséquente de 7 millions de dinars. L'aval a été entériné par le wali. D'autres activités sont enclenchées par l'APC, comme le couffin du Ramadhan, avec un milliard de centimes comme prévision, le désherbage au niveau des cimetières, l'hygiène, l'embellissement de quelques cités… La mairie de Constantine a bénéficié d'un budget primitif de 24 milliards de centimes, dont 16 consacrés à diverses réalisations. «L'activité de la mairie devra s'élargir, atteste Chibane, il nous manque le pouvoir de décision.»