L'Organisation des pays exportateurs de pétrole abaissera-t-elle ses quotas de production à l'occasion de la prochaine réunion, attendue pour le 28 mai ? La question reste pendante, l'OPEP évaluant encore la situation des marchés, les stocks pétroliers, le niveau d'application de la décision de retirer du marché 4,2 millions de barils par jour engagée à Oran fin 2008 mais également la crise mondiale actuelle. C'est ce qu'a essayé d'expliquer, à grands traits, le secrétaire général de l'OPEP au cours d'une conférence de presse qu'il a animée conjointement hier avec le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Abdallah El Badri a avancé que toutes ces données, il faut en tenir compte dans la décision à prendre le 28 mai à Vienne. Une hypothèse : s'il y a reprise de l'économie mondiale -ce qui est peu probable- la demande pétrolière augmentera, et, par conséquent, l'OPEP laissera inchangée son offre pétrolière, a souligné, de son côté, le ministre de l'Energie et des Mines. Le souhait de l'organisation est que les cours se stabilisent dans des proportions raisonnables ; un baril à soixante-dix dollars est bon, estime Abdallah El Badri, qui ajoute que les pays OPEP ont besoin d'investir et que des prix autour de cinquante dollars ne les y aident pas. Conséquence : si le marché se retourne, comprendre une reprise de l'activité économique à l'échelle mondiale, il n'y aura pas suffisamment de pétrole sur les marchés, parce que les pays OPEP n'en auront pas assez. Et c'est cette situation qu'il faudra éviter, note-t-il, révélant que, à cause de l'effondrement des cours, les membres de l'organisation ont vu leurs revenus pétroliers chuter de trente-cinq pour cent. Mais ramener les prix à des niveaux acceptables ne relève pas de la seule responsabilité de l'OPEP, les pays non OPEP sont appelés à y contribuer, a-t-il déclaré. Sauf que personne ne les y oblige, parce qu'ils ne sont pas membres de l'organisation. Abdallah El Badri s'est attardé, à ce propos, sur la Fédération de Russie et sur sa participation aux différentes conférences de l'OPEP. La Russie reste un grand producteur que l'organisation invite à ses réunions ; une délégation russe de haut rang était présente à la conférence extraordinaire tenue le 17 décembre à Oran, a-t-il rappelé. Cependant, le vœu de l'OPEP, c'est de traduire dans la pratique cette volonté de coopérer avec l'organisation exprimée par des pays non membres, dont la Russie, c'est-à-dire abaisser la production, a-t-il dit. Ni les pays consommateurs ni les pays pétroliers non OPEP n'ont fait d'efforts pour stabiliser les marchés, a souligné Chakib Khelil. Reprenant la parole, Abdallah El Badri a rappelé que s'il n'y avait pas eu la réduction de la production décidée à Oran les prix tourneraient aujourd'hui autour de trente dollars le baril. En tout cas, des prix bas, cela ne peut pas durer, fait-il remarquer. Pour lui, les cours vont se reprendre pour atteindre soixante dollars vers la fin de l'année en cours. Il rejoint, sur cette donne du moins, l'avis du ministre de l'Energie et des Mines. Entre 2002 et 2008, le baril du brut se situait, en moyenne, autour de cinquante-quatre dollars, selon Abdallah El Badri. L'autre variable qui préoccupe également l'organisation : le surapprovisionnement. L'OPEP doit s'atteler à retirer du marché sept cent mille barils par jour. Elle pourrait le faire lors de la conférence extraordinaire du 28 mai prochain, a laissé entendre son secrétaire général. L'OPEP pompe 40% de l'or noir mondial. Réunie le 15 mars dernier, dans la capitale autrichienne, elle a maintenu inchangée sa production à 24,84 millions de barils par jour, alors que la demande pétrolière mondiale ne cesse de se contracter. Dans son rapport mensuel d'avril, qu'elle a rendu public, l'OPEP a abaissé à nouveau sa prévision de demande de pétrole brut pour 2009, en raison du recul de la consommation entraîné par la récession mondiale, et exprimé sa crainte d'une baisse des prix. L'organisation table désormais sur une baisse de 1,37 million de barils par jour de la demande de pétrole (-1,6%) en 2009, par rapport à 2008. Dans son précédent rapport, celui de mars dernier, elle avait estimé le recul à 1,01 million de barils par jour. Pour toute l'année 2009, la demande mondiale est maintenant estimée à 84,18 mbj contre 84,61 en mars dernier et 85,55 en 2008. Quant aux prévisions avancées par l'Agence internationale de l'énergie, le secrétaire général de l'OPEP estime qu'elles sont exagérées. Pendant que l'organisation pétrolière réfléchit à des scénarios possibles en perspective de la conférence de mai prochain, la fluctuation des prix continue. Les cours du pétrole ont progressé vendredi dernier à New York, stimulés par le repli du dollar face à la monnaie européenne. Le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin a fini à 51,55 dollars, en hausse de 1,93 dollar par rapport à son cours de clôture de jeudi dernier. Le secrétaire général de l'OPEP achèvera sa visite de travail aujourd'hui. A la faveur de son déplacement à Alger, Abdallah El Badri a eu une série d'entretiens avec le ministre de l'Energie et des Mines. Il était question de l'évolution des marchés pétroliers et des effets de la crise mondiale actuelle. Chakib Khelil et le secrétaire général de l'OPEP ont estimé que la récession économique est générale et affecte tous les secteurs, toutes les activités. La croissance mondiale sera négative en 2009 ; elle est estimée à -1,3%. Après Alger, Abdallah El Badri devrait se rendre à Moscou au mois de mai. Cette visite a été évoquée, la semaine dernière, par des médias russes. L'hôte du ministre de l'Energie et des Mines ne l'a pas démentie hier lors de la conférence de presse. Y. S.