Deux mois après que les Etats-Unis et la France ont inscrit l'Algérie sur la liste des 14 pays à risque, la Grande-Bretagne, grande alliée inconditionnelle des Américains, émet un autre avis qui va à contresens des appréciations américaines. Londres estime tout bonnement qu'il n'existe aucune raison valable pour enregistrer l'Algérie sur cette liste. C'est du moins ce qu'a rapporté dans son édition d'hier le journal arabe Al-Qods Al-Arabi. Une source responsable au Foreign Office a déclaré dans les colonnes de ce journal paraissant à Londres que la Grande-Bretagne considère qu'«il n'existe aucune raison justifiant l'inscription de l'Algérie sur la liste des pays à risque». Pour ce responsable britannique, l'Algérie «n'est pas un pays exportateur de terrorisme». La même source a précisé que, bien au contraire, «l'Algérie reste pionnière en matière de lutte contre le terrorisme qu'elle a combattu seule durant les années 1990». Le responsable britannique affirme par la même occasion que l'Algérie «a acquis une grande expérience dans la lutte contre le terrorisme», expérience dont a considérablement bénéficié la Grande-Bretagne, notamment dans le cadre de la coordination sécuritaire entre les deux pays. Il a, en outre, fait état du «soutien» de son pays à l'Algérie dans sa position contre le payement de rançons aux terroristes dans les cas de prises d'otages. Les Etats-Unis et la France avaient, le 24 décembre dernier, inclus l'Algérie dans les mesures spécifiques de contrôle des ressortissants algériens vers ou à partir des points d'entrée aériens. L'Algérie avait alors protesté énergiquement contre ces mesures par le biais de nombreux responsables, notamment le chef de la diplomatie, les qualifiant d'«inacceptables». Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur avait même évoqué la possibilité d'appliquer la réciprocité pour les ressortissants des pays qui soumettraient les Algériens aux fouilles corporelles. Les responsables américains avaient, par la suite, fait allusion à une possibilité de rayer l'Algérie de cette liste. Cette dernière, selon la vice-secrétaire d'Etat adjointe pour le Golfe, Mme Janet Sanderson, ne visait «aucun pays en particulier» et fait partie d'un processus qui «évolue constamment». «Je ne pense pas qu'il faille considérer cette liste comme une formule statique. Ces efforts que nous faisons ensemble évoluent constamment pour affronter une menace qui change constamment», a affirmé Mme Sanderson au cours d'une conférence de presse à l'ambassade américaine à Alger la fin du mois dernier. Elle ajoutera que «cette liste est constamment à l'étude et peut évoluer en fonction des menaces». Elle avait conclu sa visite en Algérie sur une note d'espoir laissant la porte ouverte à la possibilité de retirer le nom de l'Algérie de cette liste. G. H.