Selon un haut responsable du Foreign Office, Londres estime que l'Algérie n'est pas une source de terrorisme et rien ne justifie son inscription sur la liste noire de pays à risques, comme cela a été fait par Washington et Paris. Au moment où les Etats-Unis et la France persistent à ignorer la protestation des autorités algériennes contre le placement de notre pays sur la liste noire comprenant quatorze Etats considérés comme sources de terrorisme, la Grande-Bretagne estime que rien ne permet de considérer l'Algérie comme un pays dangereux ou exportateur de terrorisme. Dans une déclaration au quotidien arabophone Al-Quds al-Arabi, un haut responsable du Foreign Office a affirmé que Londres dispose de sa propre liste de pays sources de terrorisme, qui est constamment corrigée en fonction des développements que connaissent les pays concernés, et que l'Algérie n'y figure pas. Bien au contraire, pour les Britanniques, l'Algérie constitue un exemple de lutte contre le terrorisme, un combat qu'elle a mené seule durant la décennie quatre-vingt-dix, a ajouté la même source. Celle-ci ne trouve aucun justificatif pouvant amener la Grande-Bretagne à emboîter le pas aux Américains et aux Français. Le responsable au ministère britannique des Affaires étrangères pense que l'expérience en matière de lutte contre le terrorisme, dont jouit l'Algérie, est importante et que Londres en a profité dans le cadre de la coopération et des échanges entre les deux pays. Il souligne que le gouvernement de Gordon Brown soutient Alger dans sa position appelant à ne pas verser de rançons aux terroristes pour la libération des otages dans les affaires de kidnapping, bien que cela la mette dans une situation inconfortable vis-à-vis de l'opinion publique, comme ce fut le cas dans l'affaire de l'enlèvement du citoyen britannique dans le nord du Mali. En dépit de cela, la Grande-Bretagne a toujours refusé et continue à dire non aux négociations avec les terroristes preneurs d'otages pour verser des rançons, parce que cela constitue un moyen de financement de ce fléau et un encouragement à d'autres rapts. Dans cette optique, il rappelle que Londres a déconseillé à ses ressortissants de se rendre dans les pays du Sahel, et c'est bien que cet appel ait été pris en considération. Quant à la décision des Américains et des Français de mettre l'Algérie sur la “blacklist”, le haut responsable du Foreign Office répond qu'il s'agit d'une affaire interne, qui ne concerne que ces deux pays et que la Grande-Bretagne ne peut porter de jugement pour la simple raison que chaque Etat est libre de prendre les mesures qu'il estime opportunes. Au passage, il dit que la situation sécuritaire est en nette amélioration en Algérie. Par ailleurs, Martin Day, le porte-parole en arabe du Foreign Office, effectue une visite en Algérie, la première du genre, dans le but de renforcer les relations bilatérales et tirer profit de la crise qui secoue les rapports entre Alger, Paris et Washington. Au cours de son séjour en Algérie, Martin discutera avec ses homologues algériens des perspectives d'amélioration de la coopération entre les deux parties aux niveaux politique, économique et social. Il faut dire que cette position britannique est un revers pour les Américains et les Français, qui voient leur argumentaire justifiant l'établissement de la liste des pays sources de terrorisme tomber à l'eau.