Photo : Riad Par Youcef Salami Sonatrach d'il y a trente-neuf ans ne ressemble en rien, ou presque, à celle d'aujourd'hui. La législation pétrolière sous-tendant le secteur pétrolier, de même que le contexte économique dans lequel elle évolue actuellement ont changé. Le mode de gestion qu'elle a adopté aussi. Trente-neuf ans après la nationalisation des hydrocarbures, la compagnie pétrolière est passée du tout au tout. Elle fait du chiffre. Elle a réussi à s'allier à de prestigieux groupes pétroliers et gaziers dans le monde et avec lesquels elle négocie d'égal à égal. Elle s'est faite un nom au plan régional mais également à l'international ; elle s'est construite une bonne réputation. Seulement, cette notoriété aura été ébranlée suite à des passations douteuses de marchés, une affaire aux ramifications fâcheuses et qui fait actualité depuis quelques semaines. La compagnie nationale tiendra-elle bon ? Sonatrach, une compagnie au parcours sans histoire, sans faute ? Focus sur une entreprise pas comme les autres. La nationalisation des hydrocarbures, une des décisions les plus importantes que l'Algérie ait prises, avait mis la Sonatrach dans une nouvelle dynamique portée par des cadres algériens qui faisaient du mieux qu'ils pouvaient, l'objectif étant de développer l'entreprise. Et l'abnégation dont ils faisaient preuve va payer : en si peu de temps, la compagnie nationale des hydrocarbures a réalisé des activités diverses intégrant des segments allant de l'exploration à la distribution finale. Une restructuration plus large a été même engagée et qui a donné naissance à une bonne configuration industrielle : des entreprises de réalisation, de gestion de zones industrielles et de services ont ainsi vu le jour. Séparée de ses structures de forage et de services aux puits, Sonatrach va s'occuper de l'essentiel : les activités de base. L'entreprise a mis en route des projets en série : des raffineries, des réseaux de transport par canalisations, des usines de pétrochimie... Première raffinerie mise en fonction, c'était celle d'Arzew. C'était en 1972, soit une année après les nationalisations. Cette usine a été construite par l'entreprise nipponne JGC&C Itoh. Cette dernière est toujours présente en Algérie. Aujourd'hui, le pays est doté d'une constellation de raffineries implantées dans le Nord et dans le Sud du pays. Elles sont en train d'être réhabilitées selon un planning établi il y a trois à quatre ans. La raffinerie d'Alger, une des plus importantes du pays, le sera dans les mois à venir. Un contrat de rénovation sera, à cet effet, signé début mars entre Sonatrach et un opérateur étranger. Si le groupe Sonatrach est parvenu à avoir le poids qu'on lui reconnaît dans le paysage économique, c'est grâce à des investissements importants en forage et en installations de surface réalisés au cours des dernières années. A la nationalisation, les capacités de production pétrolière étaient faibles. Actuellement, elles tournent autour de 1,4 million de barils par jour. La production gazière, le groupe en fait également une priorité et il l'a fortement développée pendant la période post-nationalisation. Le gaz reste une source privilégiée d'énergie domestique et industrielle, une matière propre, une industrie d'exportation. Le gisement de gaz le plus important est celui de Hassi R'mel, découvert en 1956 et dont les réserves initiales prouvées sont estimées à 3 040 milliards de mètres cubes. Jusqu'en 2005, le secteur des hydrocarbures évoluait dans la formule partage de production, un régime adopté par nombre de pays pétroliers. Mais cela va changer, les autorités voulant ouvrir davantage le marché des hydrocarbures. S'il y a une loi qui a fait beaucoup de bruit et fait couler énormément d'encre, c'est la législation sur les hydrocarbures approuvée par l'Assemblée populaire nationale (APN) en 2005. Cette loi a tellement focalisé les débats et provoqué des levées de boucliers qu'elle a été gelée en 2003. Elle est passée au final, et sans tumulte, à l'Assemblée. Si elle préserve le droit inaliénable sur le sol, la première mouture de loi sur les hydrocarbures n'en remettait pas mois en cause certains avantages de Sonatrach. La compagnie nationale des hydrocarbures avait droit, dans le cadre de la première mouture de loi, à une proportion variant entre 20 et 30% de prises de participation dans les permis d'exploitation attribués aux compagnies pétrolières étrangères. Cette clause a été cependant rejetée par une ordonnance. C'est le patriotisme économique qui a prévalu et c'est la préférence nationale qui a finalement pris le dessus. Cette loi est le fait marquant ayant ponctué la phase post-nationalisation. Mise à l'épreuve, la nouvelle législation pétrolière n'a pas, pour l'instant du moins, attiré l'investissement étranger souhaité.