Reconnaissant la dégradation drastique de la qualité de l'enseignement supérieur, se répercutant directement sur la valeur du diplôme universitaire, le ministère de tutelle s'est engagé dans une réforme à même de hisser l'université aux normes universelles. Le LMD (Licence-Mastère-Doctorat) est la pierre angulaire de cette réforme. Lancé à partir de la rentrée universitaire 2004/2005, touchant, dans un premier temps, 10 établissements sur un total de 58, il est aujourd'hui appliqué dans 29 universités. Les responsables du secteur ambitionnent de l'étendre à 12 autres universités, l'année prochaine, pour atteindre un total de 41 à travers le pays. «Nous aspirons à ce que l'étudiant puisse trouver un travail dès l'obtention de son diplôme», a déclaré récemment le ministre, M. Rachid Haraouabia, confiant dans sa démarche pour imposer le changement, alors que de nombreux enseignants et de nombreux étudiants à travers le pays affichent des réticences, si ce n'est le rejet total de cette nouveauté. Beaucoup estiment que les conditions ne sont pas encore réunies pour «expérimenter» ce nouveau système dans une université rongée par des problèmes de tous genres. Le ministre persiste à considérer ce système comme le meilleur moyen d'adapter l'enseignement supérieur aux mutations qui s'opèrent à travers le monde. «C'est un système qui favorise la mobilité des étudiants au niveau national et international. Il permettra à nos étudiants de poursuivre leurs études dans n'importe quelle université dans le monde», a-t-il soutenu dans une récente déclaration à la presse. Selon M. Haraouabia, le taux de réussite de l'application de ce système est de plus de 75%. L'autre nouveauté introduite dans le secteur –le projet est en gestation quoi qu'il ait suscité beaucoup de polémique- est l'ouverture de l'enseignement supérieur au privé. Ce qui ne veut nullement dire que l'université algérienne sera privatisée, selon les assurances du ministre, M. Haraouabia. Selon ce dernier, «aucune structure universitaire relevant du secteur public, pédagogique soit-elle ou de service, n'est privatisable». Le ministre justifie son recours à des privés par son souci «d'avoir un maximum de garanties pour un enseignement de qualité». Inscrivant sa nouvelle stratégie de développement du secteur dans cet objectif, le ministre projette, par ailleurs, d'impliquer les opérateurs économiques dans les conseils scientifiques des universités et aussi de faire appel aux «potentialités humaines algériennes» qui travaillent dans les universités étrangères. Concernant justement le potentiel humain, «placé au centre de la réforme», de nouvelles dispositions seront contenues dans les nouveaux statuts particuliers en cours d'élaboration, assurent les responsables du ministère. Ces nouvelles dispositions consistent en le renforcement de la nomenclature des corps (enseignants-chercheurs, enseignants hospitalo-universitaires et chercheurs permanents) par de nouveaux grades. Il est aussi question d'augmenter le budget consacré à la recherche scientifique à 100 milliards de dinars, durant les cinq années à venir (2009-2014). D'autres changements sont en cours pour améliorer les conditions pédagogiques dans l'université algérienne. Ces changements vont-ils donner les résultats escomptés ? Difficile de répondre par l'affirmative si l'on juge par le nombre croissant des nouveaux bacheliers qui arrivent chaque année dans les établissements universitaires, leurs conditions d'hébergement… et bien d'autres raisons. K. M.