Mostefa-Farouk Ksentini a relancé, d'une petite phrase, l'une des polémiques les plus violentes sur la scène politique nationale. Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme (CNPPDH) a en effet annoncé que l'Algérie se dirige vers la signature de la convention des Nations unies pour l'abolition de la peine de mort. Cette signature ouvrira la voie à l'abolition définitive d'une peine qui n'est plus exécutée dans les faits depuis au moins 1993. Cette dernière affirmation est cependant sujette à vérification puisque les seules garanties avancées sont limitées à des déclarations d'intention. «Nous allons rejoindre le monde civilisé», a ainsi communiqué l'avocat à partir de Genève. Pendant ce temps, les réactions n'ont pas tardé à se faire entendre à Alger. Il s'agit essentiellement des conservateurs de l'Association des oulémas qui rejettent bien entendu une telle donnée à cause de considérations éminemment religieuses. Et ces cercles, dont l'inamovible association des oulémas, ne prennent en aucune considération l'élément humain. Et c'est cela le problème essentiel. A y regarder de près, les interprétations religieuses n'ont jamais convergé sur le sujet. Ce n'est point par manque de volonté mais plutôt par la complexité de la chose. Cela commence d'abord par la faiblesse de l'homme, une faiblesse exprimée d'abord devant les peines et les douleurs qui peuvent l'atteindre dans sa chair. Que ferais-je si mon enfant était assassiné sous mes yeux ? Telle est la question que se posent d'innombrables personnes à la seule évocation de la question de la peine de mort. Difficile en effet de demander à un parent d'accepter de voir l'assassin de son enfant en vie. Mais cela n'est qu'une partie du puzzle car la deuxième faiblesse de l'homme –elle, irréversible- est celle de rendre un faux jugement. Eh oui, les chroniques judiciaires des journaux, notamment ceux issus des pays développés où la peine de mort est abolie, sont riches d'informations selon lesquelles des hommes et des femmes sont condamnés à la peine maximale pour des crimes auxquels ils sont totalement étrangers.Et c'est justement à cause de cela que beaucoup de pays ont décidé d'abolir cette peine. Il faut ajouter également qu'en plus de cette donne il est difficile d'admettre de retourner à une époque où la vendetta était le maître mot. Traiter le mal par un autre mal est-ce la solution ? Pas si sûr ! C'est pour cela que les intervenants dans le domaine, surtout les juristes et les défenseurs des droits de l'Homme, doivent discuter afin de trouver une solution à cette problématique. Cependant, discuter ne veut pas dire se déchirer comme cela a été le cas lors de la révision du code de la famille en 2005. Un débat serein s'impose car, au détour d'une séance au tribunal, une vie peut partir pour rien. Et le pays n'a pas besoin de plus de morts. C'est pourquoi une pincée d'humanisme doit être intégrée dans toutes les questions sociales d'importance nationale. Et l'abolition de la peine de mort n'est pas une question marginale. Il reste à savoir s'il est temps ou non d'ouvrir le dossier. A. B.