Après un silence de quelques jours, qui a semblé pourtant long de plusieurs mois, le ministère de l'Education nationale décide de réagir et avec force à la grève des enseignants. Il les rappelle à l'ordre et les menace de retraits de salaires, voire de radiation des effectifs de la fonction publique. Dans un communiqué rendu public hier, le département de Boubekeur Benbouzid rappelle que «tous les corps spécifiques de l'Education nationale ont bénéficié d'augmentations salariales nettes, substantielles, allant de 29 à 32%, et ce, grâce à la revalorisation du régime indemnitaire, y compris la prime de rendement versée à son plafond (40%) à tout fonctionnaire assurant normalement sa tâche». Le ministère estime donc injustifiée la grève des syndicats UNPEF (Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation) et CNAPEST (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) et affirme qu'il ne peut accepter que les élèves fassent les frais de «ces attitudes regrettables». Le ministère a donc saisi la justice et celle-ci a déclaré la grève illégale et ordonné la reprise des cours. Une reprise qui devait avoir lieu normalement dimanche dernier à travers tout le pays. Ce qui n'était pas le cas puisque le mouvement de grève s'est poursuivi comme si de rien n'était. Les deux syndicats affirment ne pas avoir reçu la notification du jugement en référé et que cela ne change rien de toutes les façons. Les enseignants semblent être décidés à aller au bout de leur action protestataire «jusqu'à satisfaction de leurs revendications» quitte à faire perdre toute une année de scolarité aux enfants. C'est ce que craint le ministère et avec lui, devrions-nous dire, les parents et toute la société civile. Le communiqué du ministère indique que des instructions fermes ont été données aux chefs d'établissements scolaires pour «lancer, dès le dimanche 7 mars 2010, la mise en œuvre des procédures réglementaires en vigueur, en matière de relation de travail». En plus du retrait automatique sur le salaire et sur la prime de rendement de toutes les journées non travaillées, indique le même communiqué, ces procédures consistent en «la constatation de l'abandon de poste pour toute absence enregistrée dès le dimanche 7 mars 2010» et «la mise en œuvre de la radiation des effectifs de la fonction publique, conformément à la réglementation en vigueur». Aussi, ajoute le communiqué du ministère, les directeurs de l'éducation de wilaya sont également instruits de prospecter parmi les demandes d'emploi en leur possession en vue de suppléer aux postes vacants et ce, de concert avec les services de la fonction publique, instruits, pour leur part, par le gouvernement. Le ministère de l'Education nationale précise que ces mesures, «conséquentes à la décision de justice», ont été prises à la suite de la réunion du gouvernement tenue le mardi 2 mars. K. M.