Saisissant l'occasion de la rencontre avec les présidents des Assemblées populaires communales (APC), le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est longuement revenu sur les aspects liés au développement national et à la politique économique de manière globale. Il a dans ce sillage émis des critiques sévères à l'égard des investisseurs privés nationaux et étrangers. «Si l'investissement privé se limite aux limonaderies et aux minoteries, on en est rassasié», a-t-il laissé entendre «Est-ce cela la contribution au développement économique national ?» s'est-il interrogé. «Si l'Etat ne construit pas une salle de cinéma, personne ne le fait», a-t-il noté par ailleurs. Une manière d'appeler les opérateurs économiques à innover et à investir dans des créneaux porteurs et créateurs d'emplois au lieu de se contenter de lancer des projets dans des secteurs saturés. Le président de la République avait, pour rappel, fait cette remarque dans différentes occasions. Il a, en effet, toujours plaidé pour l'innovation dans le secteur économique. Abordant les investissements directs étrangers (IDE), il a appelé au lancement de projets gagnants-gagnants. «Nous voulons des IDE gagnants pour les deux pays», a-t-il souligné devant les responsables des communes. Toujours sur le plan économique, le Président n'a pas raté l'occasion de remettre en cause les résultats du processus de privatisation. «On ne vendra plus en gros», a-t-il déclaré en précisant que chaque entité économique a une valeur qu'il faut préserver au lieu de la céder aux opérateurs intéressés sans pour autant réaliser les objectifs fixés pour ce processus relancé, pour rappel, en 2004. «On préfère transformer l'entreprise en école de formation au lieu de la donner aux spéculateurs», a souligné le Président, affichant ainsi son insatisfaction par rapport à la privatisation des entreprises économiques nationales. «Créer un emploi après une privatisation ne nous intéresse pas», a-t-il averti. Et d'appeler les opérateurs économiques à ne pas confondre entre partenariat et privatisation. «Le partenariat n'est pas la privatisation, il ne suffit pas d'avoir 51% d'une entreprise pour dire qu'il s'agit d'un partenariat», a avancé M. Bouteflika. «On a ramené des médecins pour diagnostiquer la situation. Finalement, ils n'ont fait qu'empirer la situation», a-t-il ajouté. Est-ce une manière de remettre en cause le travail fait par les experts pour l'élaboration d'une stratégie économique ? En tout cas, les déclarations du Président à ce propos semblent claires, d'autant qu'il a rappelé que l'Algérie a les moyens de mettre en place une politique économique nationale. Parallèlement à ce constat amer, considéré comme une autocritique, le Président a invité les présidents d'APC à fournir plus d'efforts pour rendre l'Algérie «plus attractive pour l'investisseur national tout d'abord, et aussi pour l'investisseur étranger». Mais ces investissements doivent passer, selon lui, «par la création d'un environnement adéquat, d'une meilleure qualité de vie, d'un bon fonctionnement des services publics et des infrastructures de base performantes». Les Assemblées ont donc un rôle important à jouer dans la promotion des investissements. Un point que n'a pas manqué de mettre en exergue le Président. Améliorer le climat de l'investissement passe ainsi par l'amélioration de la gestion au niveau local. S. I.