Le logement, un objet de désir de presque tous les Algériens. Il constitue le problème numéro un des pouvoirs publics qui se trouvent confrontés à une forte demande. De l'habitat précaire aux bidonvilles qui pullulent à travers le territoire en passant par les «cités d'urgence» créées durant la période coloniale, le recasement des mal-logés nécessitera des millions d'unités. Il est vrai que le retard accumulé durant de longues années sera difficile à combler. La population a plus que triplé depuis l'indépendance alors que le parc immobilier est resté pratiquement le même jusqu'à ces dernières années. L'éradication de l'habitat précaire et des bidonvilles longtemps prônée n'arrive pas à se concrétiser, tant elle bute sur le manque de logements. Pis, le phénomène continue à s'amplifier et, d'un autre côté, la dégradation des bâtisses destinées à la démolition se poursuit. La complexité du problème de logement s'apparente au tonneau des Danaïdes. Plus on construit, plus il y aura de demandeurs, notamment parmi les occupants des baraques, celles-ci constituant un sésame pour le relogement. Autant dire qu'ils sont convaincus d'être dans leur bon droit et que c'est une obligation pour les pouvoirs publics, qui, eux, paient ainsi leur complaisance face à une situation qui n'aurait jamais dû exister. Pour avoir longtemps laissé des citoyens recourir à ce genre de démarche illicite, ils se retrouvent aujourd'hui devant un fait accompli et une poudrière prête à l'explosion. Des émeutes éclatent à chaque fois que les forces de l'ordre tentent de barrer le chemin à l'édification de nouvelles baraques et à chaque fois qu'une liste de bénéficiaires de logements sociaux est affichée. La fermeté de l'Etat sur ce point aurait évité la «bidonvilisation» du pays et en même temps la complication de la question du logement. Cela n'a malheureusement pas été le cas, et maintenant, on corse davantage les choses en suscitant la révolte par la diffusion régulière dans le journal télévisé d'images de familles recasées dans de nouvelles cités. On en a fait un acquis, alors que le logement social, ou plutôt locatif, car le principe est de s'acquitter d'un loyer mensuel, répond à des critères et cible une catégorie précise. Les Algériens pensent pratiquement tous y ouvrir droit alors que ce n'est pas le cas. La réalité est qu'il faut penser à la question autrement. Etant donné que l'achat d'un logement est hors de portée des citoyens à revenus moyens, tant le prix de l'immobilier a connu une hausse vertigineuse, l'Etat doit adopter une politique du logement en direction de cette catégorie de la population. Celle qui ne peut ni bâtir une maison individuelle, ni accéder à un appartement en payant comptant, ni ouvrir droit à un logement social. Seul l'encouragement des différentes formules -telles que l'AADL, le logement aidé et le logement social participatif- pourra éradiquer ce problème et permettre aux citoyens d'avoir leur propre toit. R. M.