Depuis quelques années, l'Algérie a mis en place une politique d'encouragement et de promotion de la consommation des médicaments génériques, avec un certain nombre de mesures incitatives. Cette politique n'a pas encore porté ses fruits. L'une de ces mesures consiste à interdire l'importation de médicaments produits localement et à inciter les importateurs conditionneurs à en produire. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a donné un nouvel ultimatum aux importateurs conditionneurs de médicaments génériques. Un délai d'une année leur a été accordé, c'est-à-dire jusqu'à mars 2011. Certains laboratoires n'ont pas attendu pour se mettre au générique. C'est le cas d'Ival Pharma basé à Oran qui dispose de trois entités d'exploitation et de fabrication d'une gamme de médicaments génériques (antibiotiques, cardiologie, psychiatrie, ophtalmologies)… Selon Charef Stambouli, pharmacien responsable des laboratoires Ival Pharma, «la troisième unité de production est en phase de finalisation et sera opérationnelle d'ici à la fin de l'année». «Ce laboratoire, qui emploie quelque 900 employés, a depuis toujours adhéré à la politique d'encouragement de la production locale. Nous avons démarré avec le conditionnement en 1999 mais la production a toujours été notre objectif. Nous sommes passés à la production en 2003 et avons accéléré nos capacités de production à partir de 2007», a-t-il précisé. Il estime que le générique est un médicament sûr et efficace et qu'il est important de le promouvoir d'autant plus, dit-il, qu'«il est muni d'une bio-équivalence qui garantit sa qualité et sa sécurité». «De toute façon, dit-il, qu'il s'agisse de princeps ou de générique, les matières premières sont acquises auprès de la Chine et de l'Inde.» Il a cité des exemples de pays où le générique occupe une place prépondérante, comme le Maroc, l'Egypte et l'Iran. Ils ont boosté la production locale, ce qui a permis de faire chuter leur facture d'importations. «En Iran, par exemple, 100% des médicaments sont produits localement», a-t-il expliqué. En Algérie, «la consommation du générique est passée, de 28% en 2008 à 38% en 2009», ce qui a permis de réduire de 9% la facture de l'importation des médicaments. Charef Stambouli nous fait part de projets ambitieux, à savoir le lancement de deux unités, la première pour un montant de 15 millions d'euros concerne la production d'hormones et de pilules et la deuxième produira des médicaments anticancéreux de molécules très connues. «Un investissement de 25 millions d'euros a été consenti pour le lancement de cette usine qui verra le jour dans 18 mois», a-t-il indiqué. Autre laboratoire impliqué de plain-pied dans la production du générique, Geniriclab, installé dans la zone industrielle de Rouiba. Le Dr Karim El Mahadoui, directeur de la promotion médicale, et le Dr Zoheir Benadel, directeur business et développement, se félicitent des mesures mises en œuvre par les pouvoirs publics pour encourager la production locale. «Cela fait deux ans que nous nous sommes lancés dans la production de génériques. Il est important de rehausser l'image du générique et de sensibiliser les consommateurs et les prescripteurs. Convaincre sur l'efficacité du générique reste nécessaire si on veut que tout le monde adhère à la politique engagée depuis quelques années et que tous les investissements consentis ne partent pas en vain», ont-ils souligné. Pour ce qui est des laboratoires étrangers fabriquant du générique, Dar El Dawa, jordanien, est le premier à s'être installé en Algérie. Il avait lancé, en partenariat avec le groupe Saidal, une panoplie de médicaments. Selon Nassim Alleg, délégué médical, Dar Al Dawa va ouvrir d'ici à 2011 une usine de production de génériques (pédiatrie, cardiologie, antibiotiques…) à Sidi Abdellah.