De notre correspondant à Constantine A. Lemili Comme dans l'ensemble des wilayas du pays, Constantine est dotée d'une APC qui veille à la gestion quotidienne des affaires courantes et du cadre de vie de ses ouailles et, entre autres, une direction de la culture qui, elle, veille à leur bon plaisir. Bien évidemment, ce serait de la plus grande hypocrisie d'affirmer qu'elles s'acquittent, pour le minimum syndical, de leurs obligations mais, force est de concéder qu'au moins la direction de la culture, notamment depuis la désignation d'un nouveau responsable à sa tête, ne ménage pas ses efforts pour créer de l'animation. Il est vrai que, par sa disponibilité de toute heure, son humilité, M. Foughali, le nouveau directeur, a vite trouvé la parade pour colmater les vides. Ce qui n'est pas négligeable, d'une part, et relève, d'autre part, de la performance, compte tenu des habituels ronrons auxquels se sont habitués ceux qui l'ont précédé et le reste des responsables, plus ou moins directement impliqués dans le secteur. Il a donc mis en place un programme annuel d'animation culturelle, relancé avec dynamisme un espace convivial, en l'occurrence «le rendez-vous culturel du mardi», lequel fournit l'opportunité à tout artiste ou personnalité, même s'il suffit pour n'importe quel quidam de lever le doigt pour s'autoproclamer acteur du mouvement culturel, d'accéder à la tribune et de s'y exprimer ou d'étaler son talent. Tout cela garde intact le mérite de M. Foughali qui, sans doute, ne désespère pas d'installer l'excellence, l'art et la culture assez proches de leurs vraies physionomies. Et le plus court chemin pour y parvenir reste certainement un investissement continu du vide sidéral qui a existé jusque-là, une présence à même d'éradiquer la médiocrité. Malheureusement, et sans jouer les pythonisses à l'économie, avec le temps, il rentrera dans les rangs, comme sont rentrés dans les rangs tous les responsable, toutes activités confondues, qui ont atterri à Constantine. Quant à la commune et ses structures ad hoc chargées de la culture, il faudrait se rendre à l'évidence, quand l'un des élus est désigné vice-président de la commission des affaires sociales, culturelles et sportives, ce n'est certainement pas parce que, dans un passé récent ou lointain, il aurait excellé dans la gestion d'une association caritative locale hors normes, qu'il aurait participé au marathon de Jijel, sinon qu'il aurait disputé un prix littéraire face au premier écrivaillon du bled. L'intronisation est faite parce qu'il faut nécessairement un «chef» au niveau du poste et un siège à pourvoir ou obtenir, après d'âpres négociations, des responsables politiques au titre d'un renvoi d'ascenseur. Alors quand ce vice-président répondant à la question : «Qu'envisagez-vous de faire pour réhabiliter les six salles de cinéma fermées depuis plus de quinze ans ? » et que la réponse est «Oui, nous y avons sérieusement réfléchi. Il n'y a très franchement pas de raison qu'elles restent fermées et c'est pour cela que nous avons proposé, dans le cadre de la réhabilitation que vous évoquez, de les réaménager et d'en faire des salles de fêtes pour que la population y célèbre mariages et autres réunions festives…», pour cet édile, la question est donc tranchée : faire la fête et la bamboula, ce serait cela le vrai cinéma. Et allez savoir s'il n'a peut-être pas raison, compte tenu de l'intérêt que semblent avoir les responsables pour le 7e art… les responsables de la commune au gouvernement. Et le président de la République a beau inscrire dans son programme d'action 2009/2014 la relance du cinéma dans toute l'acception du terme, c'est-à-dire création, production, distribution, réhabilitation des salles, ouverture d'écoles de formation dans le domaine, ce n'est certainement pas l'engagement du premier magistrat du pays qui «mettrait martel en tête» à tout ce beau monde et viendrait déranger leur douce béatitude. Un festival par-ci, un autre par-là et le problème est réglé. Bien évidemment, la situation telle qu'elle se présente, ouvre la voie à des comportements condamnables mais également des brèches dans lesquelles s'engouffrent charlatans et médiocres qui impriment dans la durée leur vision des choses. Pour Constantine, cette durée n'arrête pas de… durer.