De notre envoyée spéciale à Guelma Badiaa Amarni En visite, jeudi dernier à Guelma, le Forum des chefs d'entreprise (FCE) a annoncé la création du premier club régional de réflexion pour les wilayas de l'est du pays, à savoir Annaba, Guelma et El Tarf. Des wilayas connues notamment par la filière de la tomate industrielle, soumise ces dernières années à une crise accrue.Une rencontre a d'ailleurs été organisée pour débattre de cette crise. L'exemple du groupe Benamor a été décortiqué. En dépit de toutes les difficultés, le groupe a continué à investir mais en adoptant une démarche contraire à celle à laquelle se sont habituées les entreprises algériennes. Au lieu de continuer à travailler chacun dans son coin, en se contentant d'importer la matière première, M. Laïd Benamor, directeur général du groupe s'est joint aux agriculteurs avec lesquels il a créé un partenariat basé sur un esprit gagnant-gagnant. Aujourd'hui, le contact est établi avec pas moins de 450 agriculteurs de Guelma, Skikda et Annaba. Le groupe a également pensé à réaliser une expertise locale et à s'appuyer sur des spécialistes en agriculture qui transmettent leur savoir-faire aux fellahs. L'association entre les deux parties a été le gage de réussite du groupe qui n'a pas sous-estimé les spécificités de la terre algérienne et surtout les capacités des fellahs avides de nouvelles méthodes pour rompre avec l'archaïsme et augmenter les taux de rendement à l'hectare. «Nous n'avons fait que mettre en place des méthodes de travail existant de par le monde», nous dira Laid Benamor. Et d'ajouter que «dans cette filière, il y a de la place pour tout le monde», affichant sa satisfaction de l'adhésion d'une autre conserverie à son projet. L'autre membre de sa famille M. Fouad Brahim Benamor directeur de la conserverie de tomate a, lui aussi, déclaré qu' «il y a un marché important à développer pour cette filière».M. Reda Hamiani-président du FCE, a affiché toute son admiration pour ce groupe qui a su persévérer et aller de l'avant. Il rappelle que cela fait des années que «la filière se débat dans la crise et les nombreuses démarches entreprises par le FCE auprès des autorités concernées sont restées vaines malgré une certaine écoute. Pourquoi donc ne pas essayer de trouver une solution au problème de la filière au niveau régional», suggère le patron du FCE. En faisant une rétrospective sur l'investissement privé en Algérie, celui-ci n'a pas manqué de revenir sur l'ouverture brutale du marché algérien, l'adhésion de l'Algérie à l'Union européenne (UE) et, entre autres, le démantèlement tarifaire. Selon lui, «les autorités ont créé un environnement économique qui n'a pas permis le développement du secteur privé», concurrencé déloyalement par un marché informel «né de l'absence totale de construction d'un modèle économique au prétexte qu'il était libéral». Malgré toutes ces conditions difficiles, il présentera le Groupe Benamor comme «l'exemple d'une réussite dans le domaine des affaires qui ne doit rien au système». «Si les conditions sont réunies, le génie de nos concitoyens peut s'exprimer en dehors du cadre légal», ajoute encore le président du FCE.Enfin, il appellera l'ensemble des industriels de la région Est à adhérer au Club de réflexion dont Laïd Benamor a été désigné l'ambassadeur. L'objectif du FCE à travers la création de ces clubs régionaux est d'être plus près de la base et d'alimenter le débat autour des préoccupations des opérateurs économiques. Enfin, Hamiani a mis en exergue les capacités et potentialités économiques importantes que recèlent les régions de l'intérieur du pays. Faut-il signaler que le Groupe Benamor couvre 50% des besoins du pays en concentré de tomate et 10% en céréales grâce à des installations modernes.