De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili
«Pourquoi ne serait-elle pas entamée au stade du 17 Juin ?» A la direction de l'urbanisme et de la construction, M. Bouanik répond à notre question par une… question. Elle, c'est la compétition nationale de football qui devrait débuter à la fin du mois d'août pour la ville de Constantine compte tenu du fait que la capitale de l'Est n'aligne pas de club en division une dont le championnat, quant à lui, démarrera le 7 du même mois. Pour le citoyen lambda, il est permis de s'étonner de la réouverture du complexe omnisports Hamlaoui pour la simple raison qu'il devait rouvrir il y a de cela près de deux ans. C'était du moins l'engagement pris par A. Boudiaf, le wali de Constantine, lequel à l'époque donnait allègrement des délais de réalisation et livraison de projets qui jusqu'à ce jour n'ont pas été respectés. Cela étant, de Charybde en Sylla, de reprise en re-reprise par des entreprises nationales publiques et privées, le complexe en est à son quatrième chantier depuis 1999 sans que la perfection, sinon le minimum de la perfection, ait jamais été atteinte par ceux qui en ont fait la promesse. La pelouse se détériorait à chaque fois avant que les délais de garantie n'aient été consommés. Une sorte de bricolage qui ne disait pas son nom et qui avait sans nul doute eu une certaine influence sur la décision de la tutelle de confier la dernière restauration de la surface de jeu et celle de sa réplique mitoyenne ainsi que le réaménagement, voire le remodelage des annexes d'accompagnement (gradins, tribunes, vestiaires, etc.), à une entreprise néerlandaise. Le label de ce pays en ce domaine dépassant largement, semblerait-il, ses frontières. Ce qui pourrait être vrai sauf que ladite entreprise hollandaise prestataire n'a servi que d'écran sachant que le sous-traitant était national et difficilement identifiable et encore moins réellement professionnel. Preuve en est que la DUC lui a retiré une partie du marché, à savoir la réhabilitation du terrain dit de «réplique». Quant aux deux techniciens hollandais présents lors de la livraison de la pelouse, il ne s'agissait en fait, selon les propos qui nous ont été tenus par le personnel du complexe, que «de simples ouvriers dont la tâche consistait à dérouler des bandes de pelouse déjà prêtes. En somme, un travail que nous pouvons réaliser et que, mieux, nous avons réalisé dans un passé récent». «220 milliards de centimes. Oui c'est l'enveloppe budgétaire dégagée pour l'ensemble des travaux.» Le chiffre est faramineux et il n'est sans doute pas maîtrisé quant à sa hauteur par M. Bouanik, partant du principe qu'il y a seulement une année M. Boukal, DJS par intérim, nous avançait le montant de «30 milliards» et qui pourraient aller jusqu'à «40 en fonction des travaux supplémentaires susceptibles d'être sollicités aux entreprises». En tout état de cause, le calcul le plus simple et le plus simpliste permettrait de déduire que modifier trois blocs de vestiaires, peindre un tunnel d'accès au terrain, placer une pelouse et conforter une partie des tribunes n'exigerait pas un dixième des 220 milliards annoncés d'autant plus que, sur place, nous avons constaté un problème d'étanchéité dans les vestiaires et à la sortie du tunnel, une peinture qui a commencé à s'écailler à tout-va et surtout avant usage, une pelouse envahie par les vers et de minuscules champignons et plus gravement en certains endroits des balafres, dont une de plus d'un mètre de longueur sur 30 de largeur. Le terrain souffre également d'une dénivellation visible à l'œil nu. «La planimétrie a été réalisée au jugé et sans les instruments exigés en pareil cas de figure», nous diront les agents qui nous ont accompagné tout au long de la visite des installations. Or, et malgré toutes ces imperfections, M. Zakaria K., le nouveau DJS, rencontré en marge d'une réunion officielle, nous dira : «La réception du projet a été faite. Je n'ai pas en tête la date exactement parce que je viens de prendre mes fonctions. Nonobstant cela, c'est avec la direction de l'urbanisme qu'il faudrait voir.» Pour la direction évoquée et en ce qui concerne M. Bouanik, notre interlocuteur, «la réception définitive a été faite» mais il se reprendra devant notre étonnement pour affirmer : «Une réception provisoire mais sincèrement je crois que globalement le travail ne souffre pas de réserves à l'exception du stade réplique que nous avons retiré à l'entreprise concernée». Ce qui n'empêche pas le rognage d'une partie de la garantie (prévue sur deux ans) comme qui dirait… gratuitement… un véritable cadeau au profit de l'entreprise de réalisation. Le flou artistique qui entoure la restauration du complexe omnisports Hamlaoui n'aura d'égal que la déconfiture vers laquelle il s'achemine et qui sera visible une fois la surface utilisée et l'arrivée des grandes pluies aidant. Nous saurons également sur place que, lors d'une visite d'inspection, le secrétaire général de la wilaya aurait piqué une colère monstre et aurait même évoqué, voire dénoncé, «un crime économique». Ce coup de gueule sera suivi «par l'annulation de la fourniture des 30 000 sièges par une entreprise privée. Le SG considérant le coût de ces sièges… exorbitant», soulignera l'un des agents du complexe. Une certitude… les sièges n'ont effectivement pas été installés contrairement à ce que nous déclarait quelques mois auparavant l'ancien directeur de wilaya de la jeunesse et des sports. Le complexe Hamlaoui constitue, comme un certain nombre d'autres chantiers, un pôle dont se gaussent les habitants de la ville des Ponts, lesquels, conscients, n'avalent plus de couleuvres.