C'est aberrant que des centaines de kilomètres d'autoroutes aient été réalisés en une année et pas le gazonnement d'un stade ! Faut-il donc un an et demi pour refaire la pelouse d'un terrain de football ? C'est la question qui taraude l'esprit de beaucoup d'Algériens que l'énorme retard pris par le chantier du terrain du 5-Juillet rend perplexes. Sous d'autres cieux, on peut même construire un stade en un an et demi. Le principe ô combien algérien de «koul aâtla fiha khir» (tout retard a du bon) ne peut à lui seul expliquer ces incroyables lenteurs, à plus forte raison lorsqu'on sait que la réouverture du stade du 5-Juillet dans les meilleurs délais relève quasiment de l'intérêt national. Le budget, c'était trop ou trop peu ? Si, officiellement, aucune information ne nous a été donnée (que ce soit à l'OCO ou au ministère de la Jeunesse et des Sports, on invoque la nécessité de passer par le service communication, qui n'existe d'ailleurs pas à l'OCO), des fuites officieuses expliquent de manière plus ou moins plausible les raisons de cette situation incongrue. Selon une version, le budget initial alloué à la réfection de la pelouse se serait révélé insuffisant compte-tenu de la complexité des travaux (changement du système de drainage des eaux, changement du système d'arrosage et d'irrigation et pose du gazon) car il fallait tout changer puisque le revêtement initial du sol avait été conçu, lors de la construction du stade, pour un terrain en tartan. Selon les mauvaises langues, l'argent était suffisant, mais mal utilisé ou, selon des langues encore plus mauvaises, pas entièrement utilisé. Zeroual parti, tout s'est accéléré Une deuxième version parle d'un bras de fer entre l'ancien directeur de l'OCO, Rachid Zeroual, et le MJS. Ainsi, le ministère aurait tardé à débloquer le budget nécessaire l'année car il ne faisait pas confiance à la gestion de l'ancien directeur. Zeroual aurait fermé le stade au début de l'année 2008, après le match MCA-WAT afin de mettre les responsables devant leurs responsabilités, mais rien n'avait bougé. Ce n'est qu'avec l'arrivée du nouveau directeur, Belmouhoub, que le budget aurait été débloqué et que les travaux ont pu être entamés. Or, les travaux de drainage sont terminés, mais la pose du gazon tarde à se faire. Pourquoi ? La question reste posée. Les joueurs, l'autre explication Une autre version est tout aussi plausible : les travaux traînent parce que, tout simplement… on ne veut pas qu'ils prennent fin. Du moins, pas avant le mois de juin. La raison ? Des joueurs de la sélection nationale ne voudraient plus jouer au 5-Juillet, car encore traumatisés par l'échec du match face à la Guinée de l'été 2007 et qui leur avait coûté la qualification pour la CAN-2008. Ils préfèreraient le stade Mustapha-Tchaker de Blida où il n'ont connu que des victoires depuis une année. Ainsi, pour éviter que des pressions obligent la FAF à domicilier Algérie-Egypte au 5-Juillet, certains feraient tout pour que les travaux ne soient pas achevés avant ce match. Cette version est peut-être loufoque, voire absurde, mais elle est plausible (en matière d'aberrations, on a vu pire). Toutes ces versions ne peuvent être davantage que spéculations en l'absence de communication officielle, mais il est vrai qu'elles se rapprochent plus ou moins de la vérité. Une vérité que les sportifs algériens ont le droit de connaître afin de trouver la réponse à cette question que des millions d'Algériens se posent : à quand la réouverture du 5-Juillet ? En tout cas, comme nous l'avions dit dans notre édition d'hier, il faut quelqu'un comme Amar Ghoul, le ministre des Travaux publics, pour suivre le chantier. Il faut quelqu'un comme lui, à cheval sur les délais et assidu dans la supervision des projets, pour mener le chantier à terme. C'est aberrant que des centaines de kilomètres d'autoroutes aient été réalisés en une année et pas le gazonnement d'un stade ! F. A-S. Le placage du gazon prend 3 semaines Il existe deux méthodes pour renouveler une pelouse. La première, naturelle, est celle du semis et elle consiste tout bonnement à semer des graines qui pousseront. L'inconvénient de cette méthode est qu'elle est longue puisque la régénération du gazon et sa consolidation nécessitent environ une année. La deuxième, utilisée dans les stades où le terrain est utilisé régulièrement durant l'année, est celle du placage. Elle consiste en la fabrication du gazon dans une pépinière et sa pose sur le terrain sous forme de plaques. C'est une méthode très usitée car permettant un gain considérable de temps. En effet, la pose et la consolidation de la pelouse prennent 3 semaines au maximum. Un manque à gagner de plusieurs milliards L'Office du complexe olympique (OCO) qui gère le complexe Mohamed-Boudiaf, dont le stade du 5-Juillet est l'une des infrastructures, ne semble pas se rendre compte du manque à gagner que la fermeture du stade engendre. A 200 DA le prix du billet et avec une moyenne de 50 000 spectateurs par match, la recette est de 1 milliard de centimes. Si on multiplie ce chiffre par le nombre de matches que le 5-Juillet peut abriter au cours d'une saison, entre les matches à domicile du MCA, les grands derbies et les rencontres de la sélection nationale et éventuellement ceux des clubs algériens engagés dans les compétitions internationales, les revenus s'élèveraient à des dizaines de milliards de centimes. Même en déduisant la quote-part revenant aux clubs et organisateurs, ce serait quand même important. C'est autant de manque à gagner. Les petites questions du petit peuple Il y a de ces questions qui turlupinent les esprits parce qu'ils n'ont pas de réponse au moment où ils devraient en avoir. Des questions que le petit peuple se pose, mais auxquelles aucun responsable ne daigne répondre. Posons-les quand même, en attendant un éventuel miracle de communication. Constantine plus rapide qu'Alger ? Le sélectionneur Rabah Saâdane l'avait déclaré à la radio il y a quelques mois que le terrain du 5-Juillet sera revêtu du même type de pelouse que celui de Chahid-Hamlaoui de Constantine, qu'il trouve de très bonne qualité. C'est une société hollandaise qui a procédé à la pose de cette pelouse et c'est la même qui devrait s'occuper du terrain du 5-Juillet. Comment se fait-il que les travaux dans le stade constantinois soient achevés et pas dans celui d'Alger qui avait pourtant fermé plusieurs mois plus tôt ? Jusqu'à quand des derbies en pleine ville ? Le stade du 5-Juillet est fermé au moment où les grands clubs d'Alger ne trouvent plus d'arène assez spacieuse pour accueillir leurs supporters à l'occasion de leurs confrontations directes ou de leurs matches contre les autres grands clubs qui drainent un nombreux public. On se souvient du feuilleton rocambolesque de la domiciliation du derby USMA-MCA lors de la phase aller, avec des reports imposés par l'un ou l'autre par le jeu des rapports de force et dont les victimes ont été les supporters, déboussolés à chaque fois. Un exemple plus récent : le match MCA-USMH que la Ligue nationale n'arrive pas à domicilier tant les stades disponibles ne peuvent accueillir ce match à hauts risques. Où domicilier les derbies lorsqu'on sait que les autres stades de la capitale sont tous petits et, de surcroît, situés dans des zones urbaines, avec des risques pour les riverains ? Un problème de «h'chich» au troisième millénaire ? A son inauguration au début des années 70, le stade du 5-Juillet était un joyau, l'un des plus grands stades en Afrique à l'époque. Il a abrité les plus grands succès du football algérien ainsi que des matches d'anthologie ayant opposé la sélection nationale à des équipes prestigieuses, comme le Real Madrid, Manchester United et la Juventus, et a été le théâtre de la majorité des matches éliminatoires ayant mené l'Algérie à deux Coupes du monde. Comment se fait-il qu'en ce début de troisième millénaire, à l'ère de la technologie de pointe, on n'arrive pas au bout d'une année à régler un problème de pelouse, du simple «h'chich» dont la pose ne requiert pas une science infuse ? F. A-S.