Intervenant devant le Forum international de l'énergie (IEF) dont les travaux ont pris fin mercredi dernier à Cancun (Mexique), le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a fait part des réserves de l'Algérie par rapport aux politiques visant à «réduire fortement» la consommation de combustibles fossiles par les pays consommateurs. Se voulant clair, il a eu cette phrase : en tant qu'exportateur de pétrole et de gaz, nous «ne sommes pas à l'aise» quant à toutes ces politiques «annoncées» ou «planifiées» pour réduire fortement et dans de courts délais la consommation de combustibles fossiles. Les capacités non utilisées de pétrole et de gaz sont déjà «significatives», selon lui. Et elles «croîtront» vraisemblablement dans un proche avenir, une croissance qui va «accentuer» les incertitudes et «limiter» l'investissement pour «augmenter» les capacités dans les activités en amont et tout au long de la chaîne industrielle' a-t-il ajouté. Et les perspectives ne semblent pas bonnes, une «grande divergence» sur la taille du marché pour le pétrole OPEP à l'horizon 2030 a d'ailleurs caractérisé les prévisions affichées dans les documents soumis pour cette session par l'OPEP et l'AIE, confirmant ainsi, selon Chakib Khelil, de telles incertitudes. Il est revenu dans son intervention sur les décisions «responsables et décisives» prises par l'OPEP pour équilibrer l'offre et la demande globales de pétrole et stabiliser le marché. Il a également souligné que la réponse au défi des incertitudes en question devra commencer par la garantie «de plus de transparence» dans le fonctionnement des marchés, en «particulier financiers», de «meilleures données et informations» sur les marchés physiques et d'un «dialogue productif», qui va au-delà de l'immédiat, entre tous les acteurs. Et de recommander : «Nous devons tous agir afin d'améliorer la régulation des marchés financiers qui va, au-delà de plus de transparence, limiter les variations extrêmes, telles celles observées en 2008.» Les marchés pétroliers sont encore sous le coup du «yo-yo» des prix depuis la dernière réunion du Forum en 2008 : record à la hausse à 147 dollars le baril, puis chute à 32 dollars durant la crise économique mondiale et rétablissement autour de 80 dollars actuellement. «Le cours a échappé à tout contrôle fin 2008 en raison de la spéculation», a relevé, pour sa part, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, le Libyen Abdallah Salem El Badri, présent à la conférence de Cancun. Le ministre de l'Energie et des Mines a voté au nom de l'Algérie l'adoption de la «Déclaration de Cancun» visant un «renforcement institutionnel» du dialogue autour de la question énergétique, la finalité étant de contribuer à la «réduction» de la volatilité des marchés. Cette déclaration a été préparée par un groupe de travail composé de représentants de onze grands pays producteurs et consommateurs d'énergie, dont l'Algérie. Y. S.