à Béjaïa, entre les plages bondées d'estivants et les salles de sport, il y a une étroite relation : la pratique de la balle au filet y est très prisée, une véritable «volley mania» s'étant emparée depuis quelques années des jeunes de cette cité plusieurs fois séculaire tournée vers la mer. Le volley-ball dans cette wilaya a connu ces dernières années une progression fulgurante, d'abord par ses résultats et le palmarès de ses clubs, ensuite par l'impact et l'attrait qu'il exerce sur les jeunes, notamment les jeunes filles, qui en ont fait leur sport favori. L'engouement est si fort qu'il est désormais victime de son succès. Il n'arrive plus à faire face à toute la demande de centaines de jeunes qui veulent pratiquer ce sport. Et pour cause, «les structures plus qu'autre chose manquent», déplore le président de la ligue de wilaya, M. Ghoul Abdelghani. «Nous avons de la pâte et en abondance. Nous avons de bons pétrisseurs. Mais nous sommes confrontés à un problème de pétrin, qui est exigu», commentera-t-il, un tantinet amusé mais visiblement dépité. En fait, explique-t-il, «dans toute la wilaya, il n'existe que six salles homologuées [3 à Béjaïa et les autres réparties entre Akbou, El Kseur et Kherrata], qui sont loin de suffire à tous les pratiquants. Quasiment tous les clubs, évoluant en dehors de ces aires, sont tenus de travailler à l'air libre, et souvent en faisant d'incroyables acrobaties pour pouvoir caser tous leurs pratiquants. Même Béjaïa en souffre, ses structures sportives étant fortement sollicitées. «Conséquences de ces carences, moins de pratiquants, des charges de travail légères et un état d'énervement permanent entre les dirigeants, astreints à se marcher sur les pieds les uns les autres», ajoute le président de ligue, évoquant l'exemple de la salle Amirouche où «la situation est absolument intenable». «Ce sont huit catégories de volleyeurs du seul MB Béjaïa qui s'y relaient chaque jour entre 17h00 et 22h00. La promiscuité est telle qu'il est pénible pour tous, mais surtout pour les joueurs d'élite, de travailler sereinement», indique-t-il, avant de relever que «logiquement chaque club de l'élite devrait avoir sa propre salle». En chiffres, pour la pratique du volley-ball à Béjaïa, ce sont plus de 1 000 licenciés, sans compter les moins de 10 ans, regroupés en 19 clubs, soit un club par daïra, dont six animent le Championnat national féminin et garçon (ASW Béjaïa, NC Béjaïa, MB Béjaïa, A. Seddouk, OS El Kseur, Kherrata, et, à un degré moindre, Akbou) ainsi que des équipes, à l'instar du MBB, du NCB et d'ASWB, qui jouent les compétitions africaines et arabes. Le palmarès des clubs de Béjaïa est éloquent, avec plusieurs titres en Championnat ou en Coupe, et la plupart d'entre eux constituent des réservoirs avérés pour les équipes nationales. Pour les jeux Olympiques de Pékin, ce ne sont pas moins de cinq joueuses du cru qui y prendront part avec la sélection nationale. Visiblement, et malgré les difficultés (manque de salles de sport et, à un degré moindre, de trésorerie), la réussite est là. Le secret reste l'organisation de la ligue, avec la tenue de 20 tournois en moyenne durant l'année, la multiplication d'écoles, et la compétence d'un encadrement technique, dont la majorité des entraîneurs sont des diplômés du CNEPS et de l'ISTS. «Nous avons une mine, il nous faut juste un peu plus de moyens pour l'exploiter», souligne M. Ghoul.