Intoxications alimentaires, maladies à transmission hydrique, conjonctivite, envenimation scorpionique… Les atteintes à la santé de l'homme sont encore nombreuses, coûteuses et très souvent dangereuses et fatales, en cette période de grandes chaleurs. Les services de santé, à travers tout le pays, n'en finissent pas de compter les victimes. Cette fois-ci, il s'agit de maladies des animaux transmises à l'homme : les zoonoses qui représentent une moyenne de 35% du total des déclarations annuelles des MDO (maladies à déclaration obligatoire). Et tant que notre pays n'accorde pas d'importance à la lutte contre les rongeurs, les chats et les chiens errants… et les différents types d'insectes qui demeurent les principaux vecteurs de transmission, les risques de propagation de ces maladies restent élevés. Le manque d'hygiène, la pauvreté, la dégradation du cadre de vie, l'urbanisation anarchique, le laisser-aller… et l'ignorance ne sont pas pour arranger les choses. Les services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière révèlent que, durant l'année 2007, ces maladies des animaux transmises à l'homme ont constitué 31% de toutes les maladies à déclaration obligatoire recensées (15 829 cas de zoonoses sur un total de 50 826 cas de MDA). 6 764 cas de leishmaniose cutanée et 112 cas de leishmaniose viscérale, 7 729 cas de brucellose, 661 cas de kyste hydatique et 34 cas de rage. Des maladies dont on parle vaguement, presque de façon désintéressée –certaines restent méconnues pour de nombreux citoyens- comme si elles ne concernaient qu'une partie infime de la population. Les chiffres sont pourtant assez révélateurs d'une réalité qui ne peut laisser indifférent. D'autant plus que certaines de ces maladies entraînent des complications très lourdes (les interventions chirurgicales sont chères et difficiles) et parfois la mort comme c'est le cas de la rage qui cause le décès d'une vingtaine de personnes par an, la plupart étant des nourrissons et des enfants en bas âge. En termes d'incidence, les services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière avancent les chiffres suivants : 0,06 cas de rage humaine pour 100 000 habitants, 19,08 cas de leishmaniose cutanée et 0,32 cas de leishmaniose viscérale pour 100 000 habitants, 22,27 cas de brucellose pour 100 000 habitants, 1,9 cas de kyste hydatique pour 100 000 habitants. Si l'on compare aux années précédentes, on constatera une grande avancée dans la lutte contre la leishmaniose cutanée. Une avancée due en premier lieu à une certaine prise de conscience des pouvoirs publics quant à l'ampleur de cette maladie et qui s'est traduite par des actions sur le terrain. Ainsi, après avoir enregistré un total de 30 227 cas de leishmaniose cutanée en 2005, les services de santé ont vu le nombre baisser de moitié en 2006 (14 379 cas). En 2007, il n'y a eu que 6 764 cas. Un bon exemple de lutte «intégrée et coordonnée» entre les services concernés, comme le souligne le Dr Djamel Slimi, chargé de la lutte contre les zoonoses au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. La situation diffère en ce qui concerne la brucellose et les autres maladies susmentionnées. S'ils n'augmentent pas, les chiffres enregistrés ne baissent que très peu. 20 cas de décès par rage chaque année ! C'est inadmissible. La rage humaine existe encore en Algérie alors que celle animale a pratiquement disparu dans tous les pays d'Europe. Les pouvoirs publics, tous secteurs confondus, sont appelés à un meilleur engagement dans la lutte contre les causes directes et indirectes de ces problèmes de santé. Ils doivent surtout faire preuve d'une meilleure entente de façon à travailler ensemble pour les mêmes objectifs. Car, nous ne cesserons jamais de le rappeler, ces problèmes ne concernent pas le seul département de la santé mais engagent la responsabilité d'autres parties, celles qui représentent les pouvoirs publics mais aussi la société civile. «Ce sont des problèmes intersectoriels. Le département de la santé ne fait que recevoir les dégâts des autres secteurs», soutient le Dr Mohammed Ouahdi, directeur de la prévention au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Une coordination réelle et efficace entre les services concernés s'avère donc indispensable. Il y va de la santé de tous les citoyens d'Algérie. K. M.