De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le mot d'ordre de grève lancé par les sections syndicales dissidentes de la Fédération des cheminots (UGTA) a été largement suivi hier par les quelque 1 800 travailleurs répartis sur les 52 gares que compte la région de Annaba. Réellement, le mouvement de grève a été suivi à 54%, mais, sur le terrain, aucune activité n'est à signaler du fait que seuls les roulants ont débrayé et donc aucun train programmé n'a quitté les gares. Les voyageurs, dans la salle des pas perdus, qui espéraient que l'un ou l'autre des trains à destination de telle ou telle ville ou même ceux des banlieues proches ont vainement attendu pendant des heures avant de se résoudre à rentrer chez eux ou à prendre un autre moyen de transport quitte à payer plus cher. Derrière les guichets, il n'y avait personne. Idem à l'accueil. Même aux portes d'accès aux quais, il n'y avait aucun cheminot, à part des policiers en faction. Les travailleurs étaient pourtant présents sur les lieux, assis sur les bancs ou debout en train de discuter de la situation, mais refusaient de rejoindre leurs postes. Nous avons tenté en vain de joindre les syndicalistes, mais ils ne voulaient apparemment pas faire de déclaration ni être contactés par des journalistes. Selon nos informations, la revalorisation des salaires est la principale revendication salariale, les travailleurs y ont adhéré massivement sans pour autant qu'il y ait eu d'assemblée générale ou de préavis de grève. «Cela ne nous intéresse pas. Ce qui importe vraiment, c'est que le mouvement de grève est effectif et est suivi. Nous demandons juste que nos salaires soient relevés, nous n'arrivons plus à vivre avec ce qu'ils nous payent», nous dit un des grévistes. «Nous sommes payés le 6 du mois, et le 7, nous n'avons plus un sou, nous vivons à crédit», nous déclare un autre. Le réseau ferroviaire de Annaba, qui s'étend de Skikda à Djebel Onk à Tébessa en passant par Souk Ahras, est vital pour l'économie de toute la région. En effet, ce réseau comprend la ligne minière alimentant le complexe sidérurgique d'El Hadjar en matières premières et qui dépend entièrement de cet approvisionnement quotidien à partir des mines de l'Ouenza. Le complexe pétrochimique Fertial, implanté dans la région de Annaba, est, lui aussi, dépendant du site minier de Djebel Onk dont la matière première est acheminée par voie ferrée. Hier, dans la matinée, la direction régionale ferroviaire de Annaba a voulu assurer un service minimum en lieu et place des grévistes qui avaient refusé de le faire, mais ceux-ci l'en avaient empêchée en bloquant la voie. «Nous étions une trentaine et nous nous sommes tous couchés sur la voie. Aucun train n'est parti et ne partira tant qu'on n'aura pas examiné nos revendications», lança un des grévistes. Une grève dont on dit qu'elle est illimitée ; c'est une démonstration de force des sections syndicales dissidentes de la fédération en raison des négociations avec la direction générale au sujet de la convention de branches qui traînent depuis des mois.