Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Des fortes perturbations du trafic ferroviaire ont été enregistrées au centre et dans l'ouest du pays depuis dimanche dernier. Des trains annulés, d'autres retardés, les usagers du train ont vécu ces dernières 48 heures au rythme des désagréments que la SNTF attribue «aux agissements inconséquents» d'un groupe de conducteurs de locomotive qui ont lancé samedi dernier un mouvement de débrayage afin d'exprimer leur colère et leur solidarité avec l'un de leurs camarades licencié par la direction régionale de la SNTF à Oran. Ce débrayage qui s'est étendu dans l'après-midi de dimanche dernier jusqu'à Alger a fini par susciter des arrêts de trains au niveau des banlieues est et ouest de la capitale. Une atmosphère tendue a régné dès lors dans les gares ferroviaires d'Alger où les usagers ont été livrés à eux-mêmes sans la moindre explication ou information sur ces troubles constatés au sein de la SNTF et dont ils ont été les premières victimes. Contactés par nos soins, de nombreux conducteurs-mécaniciens grévistes nous ont fait part hier de leur indignation face au licenciement de leur collègue. «A chaque incident, on fait porter le chapeau à un mécanicien. Nous payons toujours les pots cassés alors que la direction est en partie responsable dans les accidents qui surviennent un peu partout. Nous évoluons quotidiennement dans un environnement professionnel et maintenant on veut nous licencier», s'écrie un syndicaliste du dépôt des rames ferroviaires d'Alger. Notre interlocuteur assure aussi que ses camarades ne laisseront jamais la direction générale de la SNTF humilier l'un de leurs collègues. De son côté, M. Dakhli, responsable des ressources humaines à la SNTF, accuse ces mécaniciens grévistes d'avoir attenté à l'image de l'entreprise en se conduisant d'une telle manière alors que le conducteur licencié à Oran est passé, comme le prévoit la réglementation en vigueur, par un conseil de discipline avant d'être licencié de l'entreprise. «Il a commis une faute professionnelle très grave qui a occasionné des dégâts très importants à l'un de nos autorails. Ce conducteur n'a pas respecté les règles minimales de sécurité. Il a été sanctionné pour cela par une commission générale de l'entreprise. Mais malgré cela, il garde toujours le droit d'introduire un recours auprès de cette commission s'il juge la sanction sévère. Vous voyez bien qu'il n'a jamais été lésé», explique M. Dakhli qui assure que ces conducteurs grévistes ne sont qu'un groupe isolé au sein de la SNTF. Un groupe isolé avec lequel la SNTF a dû, tout de même, négocier pour que les perturbations du trafic ferroviaire cessent pour de bon. Des perturbations que la Fédération nationale des cheminots dénoncent car elle estime, elle aussi, que le licenciement de ce conducteur est on ne peut plus légitime. «On comprend que des camarades veuillent se solidariser avec lui, mais de là à se lancer à arrêter des trains, c'est vraiment exagéré», jugent des responsables de cette structure affiliée à l'UGTA et dont la représentativité ne fait toujours pas l'unanimité au sein des cheminots. Cela dit, ce mouvement de débrayage prouve encore une fois que le malaise est grand dans le secteur ferroviaire. Et à l'heure où nous mettons sous presse, les trains se font toujours rares dans de nombreuses gares du pays.