Musique n Le festival de la chanson oranaise qui devait se tenir à Oran au cours de la première semaine du mois d'août, a été reporté à une date ultérieure. Cependant, aucune autre date n'est fixée et aucune nouvelle ne filtre quant à la tenue de cette manifestation. C'est le black-out total. Certains font courir une rumeur selon laquelle le festival n'aura pas lieu, en raison du manque de budget ou de l'inaptitude des organisateurs, alors que d'autres chuchotent, par-ci par-là, que le projet verra, bel et bien, le jour. Si ce festival tarde à être mis sur pied, c'est parce que la décision de sa tenue a été précipitamment prise par les autorités. C'était une décision irréfléchie. Oran a été choisie pour abriter la première édition du festival de la chanson oranaise au moment où une autre décision tombait, tel un couperet, celle de délocaliser le festival de la chanson raï, traditionnellement organisé à Oran, à Sidi Bel Abbes – ce dernier, pour rappel, a pris fin samedi dernier. L'on peut d'emblée en déduire que l'idée d'un festival de la chanson oranaise ne peut être qu'une initiative de substitution. Autrement dit, puisque le festival de la chanson raï se trouve, du jour au lendemain, transféré à Sidi Bel Abbes, il fallait le remplacer par un autre ! et, pourquoi pas, par un festival de la chanson oranaise ? Ça ferait bien l'affaire ! Il se trouve qu'un autre festival est certes le bienvenu – c'est d'ailleurs même une initiative louable et ne peut être que davantage bénéfique pour le paysage culturel algérien – mais décider d'en organiser un sans même avoir pris au préalable les directives indispensables aux conditions de sa tenue, paraissait être une initiative hasardeuse qui ne pouvait qu'échouer. Le festival de la chanson oranaise demeure alors dans la tourmente et dans l'hypothétique. Cela démontre infailliblement que les instances concernées se retrouvent – et à croire qu'elles s'amusent même – à bricoler des festivals, sans même tenir compte des modalités nécessaires à leur organisation. Car, d'après ce qu'on sait, un festival ne se décide pas à la dernière minute, voire à la veille de sa tenue. On ne décrète pas, juste par un simple coup de tête ou par une saute d'humeur, la mise en action d'une entreprise culturelle. Cela se prépare. Il s'agit d'un projet qu'il faut mûrement réfléchir en vue de le réussir et, du coup, l'inscrire dans la durée. Et il semblerait que les organisateurs sont loin d'en avoir conscience, et cela par manque de professionnalisme. Par ailleurs, l'idée d'un festival de la chanson oranaise laisse certains professionnels sceptiques. Car, pour eux, la chanson oranaise ne compte plus d'adeptes, comme cela a été le cas dans les années 1970 et 1980, où elle était en vogue. La chanson oranaise se limite aujourd'hui, toujours selon les professionnels pour qui il n'existe quasiment plus de chanteurs spécialisés dans ce style de musique, à la télévision ou la radio, notamment locale. Mais ils estiment toutefois qu'avec pareil festival, il se pourrait que la chanson oranaise soit relancée. En somme, le festival de la chanson oranaise se révèle, s'il a bien lieu un jour, un espace favorable à promouvoir un genre musical, longtemps délaissé, et, en conséquence, à ranimer une flamme déjà éteinte. Parce que de la chanson oranaise, on a seulement des noms des maîtres de ce style de musique comme Blaoui El-Houari, Ahmed Wahbi… Quant à la jeune génération de chanteurs, il semblerait, qu'elle préfère faire carrière dans la chanson raï, car c'est plus rentable.