Les handicapés de Tizi Ouzou n'ont pas de chance au double plan psychopédagogique et éducationnel et matériel. Ceux qui sont recensés et enregistrés au niveau des rares institutions et organismes du domaine dans la région ne sont pas suffisamment encadrés et soutenus, ceux en attente d'une place pédagogique ou d'une aide (qui demeure misérable) survivent avec des chimères et, enfin, ceux dont les structures concernées ignorent même jusqu'à leur existence, qui ne sont pas connus des services payés pour, se consument dans l'ignorance et le dénuement. Globalement, les handicapés n'ont pas accès à des cadres d'éducation et d'enseignement adaptés et sont ainsi, en majorité, privés des premiers outils d'émancipation, d'indépendance et de prise en charge et d'aide que requiert leur situation d'individus vulnérables. Les quelques animateurs associatifs qui continuent toujours d'activer en faveur de cette frange de la société malgré un environnement très peu favorable dans la région de Kabylie ne cessent de rappeler à cet effet les manques de base et les souffrances supplémentaires qu'endurent ceux qu'ils défendent quotidiennement auprès de l'administration et qu'ils accompagnent au sein de la société. «Il nous arrive souvent de passer plus de temps à régler, à dépasser les tracasseries et les embûches que nous rencontrons au niveau d'institutions et d'organismes publics en charge de la question des handicapés qu'à nous occuper des tâches primaires qui sont les nôtres», déplore Rachid, membre d'une section communale d'une association de handicapés moteurs. Mais au-delà des soucis causés par le manque d'attention des autorités, des cadres associatifs avouent que les infrastructures aptes à recevoir les différentes catégories de handicapés ne sont pas en nombre suffisant. Il n'y aurait par exemple qu'un seul centre médico-pédagogique pour enfants inadaptés mentaux (CMPEIM) pour toute la wilaya de Tizi Ouzou, selon un membre du bureau d'une association de wilaya. «Les places pédagogiques pour handicapés sont réduites, deviennent dans ce cas un luxe, notamment pour les enfants dont la prise en charge à un âge précoce influe beaucoup sur le développement de l'enfant et, par la suite, de l'adolescent», souligne-t-on de même source.Cela dit, parmi les efforts déployés par le réseau associatif local en direction des handicapés, on pourrait citer celui de la publication récente d'un guide d'orientation scolaire par la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l'enfance de la wilaya de Tizi Ouzou (LPSJE), assistée par Handicap International et la Direction de l'action sociale (DAS). Ce guide destiné aux éducateurs dispose d'informations pratiques sur la scolarisation des enfants handicapés. Le guide avance par ailleurs le nombre de 24 117 personnes handicapées de moins de 18 ans recensées dans la wilaya de Tizi Ouzou. 7 351 sont handicapées moteurs, 11 139 handicapées mentales, 1 897 handicapées auditives et 3 730 handicapées visuelles.