Hocine Aït Ahmed fait irruption dans le débat politique et chamboule l'agenda de son parti. Pour pouvoir «dénoncer l'exploitation faite de certains événements de l'actualité politique nationale», le chef historique du FFS a envoyé un message aux membres du conseil national de son parti, en réunion extraordinaire hier à Alger. «D'aucuns essayent de mobiliser sur des thèmes à caractère religieux, régionaliste et même ethnique. Ils poussent à une surenchère régionaliste, tout particulièrement en Kabylie, pendant que d'autres instrumentalisent l'extrémisme armé à des fins politiques surtout dans la région du Sahel», lance le président du FFS à partir de son exil helvétique. Pour lui, l'annonce faite dernièrement par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) portant formation d'un gouvernement provisoire en exil, est une vraie menace pour l'unité nationale. «Ces menées aventureuses, ces politiques de hasard procèdent d'une même approche stratégique qui met en péril l'unité et la cohésion du pays», poursuit-il. Il y voit la main de l'étranger, notamment des grandes puissances qu'il accuse d'être derrière des tentatives de division «surtout quand l'Etat est fragilisé et le pouvoir illégitime». Pour Hocine Aït Ahmed, les auteurs sont qualifiés d'«apprentis sorciers qui se livrent à ces surenchères [et] oscillent tous entre le délire individuel et la dérive collective». «Il n'appartient pas à un homme ou un parti politique conséquent de réaliser les fantasmes, qu'ils soient individuels ou collectifs», a-t-il asséné, sans toutefois citer personne. Les réflexions étant faites, le leader du Front des forces socialistes a invité les responsables de son parti à organiser une conférence nationale d'évaluation politique. Dans les recommandations contenues dans son message, il demande une double évaluation, celle du pays et celle du parti. «Nous avons besoin de débattre en toute liberté de nos problèmes, de rejeter tous les conservatismes, y compris ceux qui ont cours dans notre parti», a-t-il écrit. Il poursuivra en précisant que «nous devons privilégier l'analyse politique et rigoureuse des faits pour échapper à l'intoxication de l'espace public. C'est le seul moyen de respirer, en phase avec notre société ; c'est le moyen d'empêcher que les uns et les autres décident de nos têtes au-dessus de nos têtes». Pour les besoins de cette conférence, dont ni la date ni le lieu ne sont précisés, le président du FFS a donné certains axes de travail. Il s'agit notamment, dit-il, de savoir si l'activité politique et partisane est «possible» dans une situation de «fermeture». Il s'est montré, comme d'habitude, particulièrement sévère avec le pouvoir en place qu'il qualifie d'illégitime. A noter que cette missive de Hocine Aït Ahmed est le seul point inscrit à l'ordre du jour des travaux de la session extraordinaire du conseil national du FFS. A. B.