Photo : S. Zoheïr Par Hassan Gherab Ça y est, l'été est là, les vacances aussi. Des jours et des jours à ne savoir que faire, sauf pour ceux qui ont la chance et les moyens de se payer des vacances, avec un programme de détente et de loisirs. Pour une bonne majorité, l'été est synonyme de grandes chaleurs, avec possibilité d'aller sur une plage pas trop loin piquer une tête dans l'eau pour se rafraîchir. Chacun se débrouille comme il peut pour monter, selon ses ressources, un plan d'été qui lui permettrait de se détendre et aux enfants de s'amuser et de passer d'agréables moments. Quant aux fins de journées, ce sera souvent soirée télé pour les enfants et parties de dominos pour les grands. C'est évidemment une image caricaturale. Mais elle emprunte ses grands traits à la réalité. Dans certaines régions, cette réalité dépasse même la caricature. Quand on a du temps, qu'on n'a rien à faire, il n'y a souvent rien pour meubler ces moments d'oisiveté. On ne peut pas programmer, à sa guise, une soirée théâtre, musique, cinéma, encore moins une sortie improvisée qu'on comblerait selon le désir du moment, parce qu'il n'y a tout simplement pas de vie culturelle, au sens plein du terme. On peut, certes, avoir un programme par-ci, une activité par-là, mais c'est toujours conjoncturel et surtout circonscrit à un quartier, au mieux une ville. En dehors des grandes agglomérations, journées et soirées se ressemblent dans leur platitude. A 10 kilomètres d'Alger, la capitale, enfants, jeunes et adultes n'ont que le cybercafé, le café, le mur où s'adosser et peut-être un semblant de stade où ils pourraient taper dans le ballon. S'ils ont la chance d'avoir une maison des jeunes, un centre culturel ou une maison de la culture, il y a fort à parier que ces institutions sont désargentées, mal équipées ou mal gérées. Et celles qui feraient exception ne peuvent souvent qu'assurer des animations épisodiques parce que les artistes sont réticents pour s'y produire, parce qu'il n'y a pas le matériel nécessaire, parce que le budget ne suffit pas… enfin toute une collection de manques qui font que la culture a déserté ces lieux censés être des centres de rayonnement culturel. Les autorités locales (Assemblée populaire communale, daïra et wilaya) qui sont les premiers responsables de la jachère culturelle dans leurs circonscriptions, se cachent derrière les priorités et urgences socio-économiques pour justifier la mise à l'écart de la culture. Quant aux rares associations et artistes qui militent pour la socialisation de la culture et sa large diffusion, les responsables locaux leur tournent souvent le dos, les laissant se débrouiller tout seuls pour survivre. Et quand il leur arrive de les solliciter, c'est généralement pour animer une journée commémorative ou une fête nationale. La culture n'est pas seulement distractions, fêtes et réjouissances. Elle est aussi et surtout le véhicule et l'expression d'une identité civilisationnelle qui, à ce titre, a une mission socio-pédagogique. L'été n'est finalement qu'une saison appropriée pour densifier et intensifier l'activité culturelle, car la météo s'y prête bien. L'exigence est en fait d'avoir de la culture au menu 12 mois sur 12, et une amélioration de l'ordinaire durant la saison estivale…un défi que personne n'a encore relevé, hélas.