Synthèse de Sihem Ammour à la veille du début de lancement de la grande fête du football mondial accueillie pour la première fois en terre africaine, le Sénégal avait clôturé, le 7 juin dernier, à Dakar, la 9ème édition biennale de l'Art africain contemporain de Dakar (Dak'Art) à laquelle près d'une trentaine d'artistes venus de plus de quinze pays africains, dont l'Algérie et l'Afrique du Sud, avait participé durant tout un mois. Considérée par ses initiateurs comme la plus importante manifestation des arts visuels d'envergure sur le continent africain, dont la première édition s'est tenue en 1992, la manifestation s'attelle à faire évoluer et donner une visibilité à la production artistique africaine contemporaine. Dak'Art 2010, perçu par les spécialistes comme un important repère pour tous les férus de l'art africain contemporain, a été placé cette année sous le thème «rétrospectives et perspectives» La nouveauté de l'édition de cette année est le fait que l'exposition internationale ne propose que des artistes qui n'ont jamais participé à cette manifestation. Les organisateurs soulignent sur le site de la biennale leur volonté d'«axer cette manifestation sur la jeune création contemporaine africaine, avec des artistes n'ayant jamais participé aux éditions précédentes. Ils auront l'immense défi de maintenir cet événement culturel d'envergure dans une dynamique novatrice et créatrice». Dak'Art 2010 qui a débuté le 7 mai 2010, a connu un véritable engouement auprès des artistes mais aussi des amateurs ou des professionnels de l'art contemporain qui n'hésitent pas à faire des milliers de kilomètres pour y assister. Ainsi, pour cette année où l'Afrique est placée sous le signe du renouveau, place à la relève. A ce propos, les médias sénégalais témoignent de l'adhésion de ces jeunes artistes. D'autres expositions étaient au menu de cette manifestation à l'instar de l'exposition rétrospective constituée des œuvres récentes des 9 artistes lauréats du grand prix du président Léopold S. Senghor des 8 éditions précédentes, de 1992 à 2008. En marge des expositions, des conférences, des tables rondes et diverses présentations ont fait de Dak'Art 2010 une édition riche en échanges multiculturels. L'art africain s'est également exposé dans le «off» de la Biennale, grâce à 200 sites de manifestations à travers le pays. Dans un élan de solidarité avec le peuple haïtien, Dak'Art 2010 expose également quatre artistes de Haïti. Une ouverture vers la diaspora d'origine africaine qui sera maintenue dans les prochaines années, soulignent les organisateurs. Ce neuvième rendez-vous majeur de la création africaine avait également comme objectif de «favoriser l'émergence de professionnels avertis tant au niveau de la critique d'art, du commissariat d'exposition qu'au niveau de la scénographie d'exposition». Dans le catalogue de Dak'Art 2010, il est souligné qu'il y a déjà quatorze ans, à la création de cette manifestation, l'un des défis à relever consistait à trouver l'expression d'une réponse à de nombreuses attentes légitimes, celles de voir l'Afrique s'engager résolument dans la définition et la mise en œuvre de stratégies pour la promotion de ses productions culturelles et des auteurs de celles-ci. De nombreux acteurs de la scène artistique, de par le monde, ont activement pris part aux instances de la biennale aux côtés de leurs homologues africains. Le dialogue autour de la production africaine, entretenu au sein de ces instances comme au sein des rencontres professionnelles de la Biennale de Dakar, a beaucoup participé, depuis, à élargir de façon notable la place des artistes africains sur la scène internationale. Pour conclure, citons le poète sénégalais Amadou Lamine Sall qui a par ailleurs été secrétaire général de la biennale entre 1990 et 1992, et qui a écrit un texte où il met en partage ses réflexions sur l'évolution de la biennale et sur les défis qu'elle doit relever pour se pérenniser en soulignant : «La renaissance africaine sera d'abord portée par les artistes et les créateurs, car ce sont eux les ancêtres fondateurs. Ce sont eux les fondamentaux. Ce sont eux l'Afrique prodigieuse. La politique portera toujours une Afrique maudite, tant que l'imaginaire des créateurs ne sera pas relayé par les politiques qui ont capturé leur peuple et les biens de celui-ci et qui font souvent de la culture leur salon de rire.»