A Oran, quatre jeunes, dont trois filles, à la fleur de l'âge ont mis fin à leur vie pour cause d'insuccès à l'examen du baccalauréat 2010. Ils n'avaient pas admis l'échec. Peut-être qu'ils avaient peur du regard des parents, des proches, des amis. Un regard réprobateur, accusateur. La peur de faire face à une éventuelle situation de rejet et d'exclusion de la part de ceux qui avaient placé leur confiance en eux. Pourtant, ce n'est pas forcément vrai que les parents se fâchent contre leur enfant s'il rate son examen. C'est donc juste une appréhension qui n'a de place que dans le scénario catastrophe fabriqué dans leur tête à partir de leur propre peur d'échouer. La peur de mal faire est bien réelle chez de nombreux candidats à cet examen national, si brillants soient-ils. Elle les bloque et inhibe leur force créatrice. C'est dramatique lorsqu'une jeune fille ou un jeune garçon se retrouve dans cette situation sans que les autres s'en aperçoivent ni réagissent dans le bon sens. L'adolescent se retrouve livré à lui-même. Conséquences : frustration, culpabilité, repli sur soi… et geste désespéré. Chaque année, des rumeurs circulent sur des suicides et tentatives de suicide par pendaison, absorption de produits décapants… après l'annonce des résultats officiels de l'examen national. C'est bien triste que ce genre de choses arrive dans notre société qui reste profondément attachée aux principes de la religion musulmane, celle-ci condamnant l'acte de suicide. Il n'en demeure pas moins que des problèmes réels continuent de menacer la stabilité de toute cette société et vont jusqu'à favoriser le recours aux solutions extrêmes. Les relations sociales s'effritent. Les liens familiaux se dégradent. Il y a très peu de contacts entre les membres d'une même famille, y compris entre les enfants et les parents. On ne se réunit plus autour d'une même table pour le déjeuner ou le dîner. On ne regarde pas la télévision ensemble. Chacun dans sa chambre, dans son petit espace, avec ses occupations et ses préoccupations. L'ambiance dans la famille n'est plus la même qu'il y a quelques années. Les relations deviennent protocolaires… le climat général empreint de méfiance et de susceptibilité. Gare à celui qui ose demander à l'autre quels sont ses projets d'avenir ! La communication fait défaut au sein de la famille. Chaque jour, le fossé se creuse davantage. La télévision, le téléphone portable, l'Internet et les copains du quartier sont là pour approfondir ce fossé. Et, pourtant, les enfants ont grandement besoin de leurs parents même s'ils persistent à dire le contraire, prétendant être autonomes et responsables. Ils ont besoin d'être écoutés et écouter les conseils et les expériences des grands. La présence physique et le soutien moral des parents sont plus que nécessaires lorsque l'enfant ou l'adolescent se retrouve devant des défis comme celui de réussir son examen du baccalauréat. A l'école, la situation n'est pas meilleure. C'est l'indifférence totale dans de nombreux cas. Les enseignants, préoccupés par leurs problèmes socioprofessionnels, ne s'intéressent qu'aux questions relatives à leur statut et leur salaire. Rien ne les motive pour se rapprocher de leurs élèves, étudier leur comportement et déceler leurs manques pour leur venir en aide. Le soutien moral et psychologique, souhaité en pareille circonstance, est pratiquement inexistant sinon inefficace. L'éducation nationale s'occupe de l'enseignement – et encore !– mais pas de l'éducation. Pourtant, le département de Boubekeur Benbouzid s'intitule «ministère de l'Education nationale» et non «ministère de l'Enseignement». Le problème est donc bien sérieux et va au-delà d'un simple échec à un examen de fin d'année que chaque élève peut refaire et réussir l'année suivante. Il est dans le manque de communication constructive. K. M.