La wilaya de Médéa est en train d'expérimenter une nouvelle technique de construction, la maçonnerie chaînée. L'avantage de cette technique est qu'elle est plus économique que les méthodes traditionnelles - ce qui n'est pas négligeable quand on sait les prix de revient des logements en Algérie -, et surtout plus écologique. Peu coûteuse, la maçonnerie chaînée permet de faire des économies pouvant atteindre entre 1 800 et 1 900 DA le m2 comparativement au coût de réalisation des constructions classiques. L'expérience menée par l'OPGI de Médéa a d'ailleurs permis de réaliser une réduction des quantités de ciment et d'acier utilisées. Un logement en maçonnerie chaînée consomme jusqu'à 10% d'acier en moins que ce qui est nécessaire dans un logement classique, alors que le gain sur la quantité de ciment utilisée peut atteindre les 25%. Adoptée depuis peu, cette technique qui consiste en un assemblage de pierres et d'armature en béton, «offre de multiples avantages, tant pour les maîtres d'œuvre que les utilisateurs», a expliqué un urbaniste qui précisera que les bâtiments construits selon cette technique présentent une «bonne résistance au gel et au dégel et disposent, en outre, d'une structure isotherme qui assure une température ambiante à l'intérieur des maisons» et permet ainsi de faire d'appréciables économies en matière de consommation d'énergie. Autre avantage d'une maison bâtie en maçonnerie chaînée : une durée de vie supérieure à celle des autres constructions. Avec de tels arguments, il serait impensable que cette technique soit ignorée par les responsables, le ministère de l'Habitat en tête, et les entrepreneurs qui devraient prendre l'exemple de Médéa, une petite ville de l'intérieur qui vient nous tracer la voie à suivre pour construire à moindres frais. Et que la maçonnerie chaînée ait cet inconvénient d'être d'un aspect quelque peu austère ne devrait en aucun cas constituer un écueil. N'a-t-on pas réussi à rendre le béton, ce matériau gris d'aspect on ne peut plus rébarbatif, beau grâce à l'incorporation de pigments colorés et des façonnages artistiques ? N'a-t-on pas habillé des façades austères avec des murs végétaux qui en ont fait de véritables chefs-d'œuvre architecturaux ? Les méthodes et les idées existent. Il suffit de les adopter. Idem pour la réduction du coût des constructions. Il n'y a pas que la maçonnerie chaînée qui permet de faire des économies. De nouveaux matériaux existent et leur utilisation permettrait de réduire encore les coûts. Le ministre de l'Habitat s'est bien offusqué de voir des constructions en brique et parpaing dans le Sud algérien. Il a même demandé qu'on utilise dorénavant les matériaux locaux qui sont plus adaptés au climat et à l'environnement. Mais rien n'a été fait. Le parpaing et la brique ont toujours leur place dans les chantiers de construction dans le Sud algérien, même pour des bâtiments publics. Pourtant, la brique en terre stabilisée (BTS) a été présentée depuis longtemps et a passé les tests de qualité haut la main : plus grande résistance et meilleure isolation thermique et sonore que la brique classique. Et son prix de revient est plus bas. Elle avait tout pour plaire la BTS, mais personne ne s'y est intéressé, et elle est tombée dans l'oubli. Il en est de même pour d'autres nouveaux matériaux qui, bien que «révolutionnaires» et pouvant engendrer non seulement des économies, mais aussi une amélioration de la qualité et des caractéristiques des constructions, n'ont jamais dépassé le stade de la présentation dans les salons et expositions du bâtiment. Des agrafes métalliques (produit de recyclage) pouvant remplacer, à moindre coût, le gravier dans la préparation du béton, des films d'étanchéité qui coûtent moins cher que le bitume et l'aluminium, des colles à la place du ciment, du plastique remplaçant le bois… et bien d'autres matériaux sont là pour réduire la facture d'une construction. Pourquoi alors ne les utilise-t-on pas ? Pourquoi ne fait-on rien pour développer et promouvoir les maisons en préfabriqué qui, pourtant, sont ce qu'il y a de mieux pour un pays tempéré et qui plus est se situe dans une zone à forte sismicité ? Le logement moins cher n'est pas une utopie. Il peut devenir une réalité si les autorités publiques font preuve de bonne volonté et continuent sur la voie ouverte par Médéa. Les entrepreneurs, qui sont toujours réticents à adopter des nouveautés qu'ils ne connaissent pas, qu'ils ne maîtrisent pas, n'auront d'autre choix que de suivre le mouvement. H. G.