L'inquiétude sur les risques d'épidémies ne cesse d'augmenter au Pakistan, frappé par les pires inondations de son histoire contemporaine : près de 2,5 millions de sinistrés dont environ 1 500 auraient péri dans cette catastrophe naturelle. Des précipitations exceptionnelles liées à la mousson ont provoqué, rappelons-le, des inondations et des glissements de terrain, emportant des milliers d'habitations et dévasté des terres agricoles dans l'une des régions les plus pauvres du Pakistan, déjà en proie aux violences attribuées aux talibans et aux mouvements liés à El Qaïda. Le Comité international de la Croix-Rouge a annoncé hier que ces inondations sans précédent avaient affecté jusqu'à 2,5 millions de personnes dans tout le pays depuis la semaine dernière. «Dans les régions les plus touchées, des villages entiers ont été subitement dévastés par des torrents d'eau», a indiqué le porte-parole de la Croix-Rouge, soulignant que des milliers de personnes «ont tout perdu». Le ministre de l'Information de la province de Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest du pays, Mian Iftikhar Hussain, a annoncé que 774 morts avaient été enregistrés mais, a-t-il ajouté, «le nombre total de personnes tuées dans les inondations se situe entre 1 200 et 1 500». Les inondations dans la province de Khyber Pakhtunkhwa ont également déplacé 500 000 personnes et affecté plus de 1,5 million de personnes, a précisé la même source. D'après les autorités locales, 53 personnes sont mortes dans le Cachemire pakistanais, 26 dans la province de Baloutchistan dans le sud du pays et 49 dans la province du Penjab dans l'est, la plus peuplée du pays. Les autorités ont mis en garde contre la propagation du choléra et de gastro-entérites en raison d'un manque d'eau potable. «Nous estimons qu'environ 100 000 personnes, des enfants pour la plupart, ont été touchées par le choléra et des maladies gastriques», a déclaré Syed Zahir Ali Shah, ministre de la Santé de la province de Khyber Pakhtunkhwa. De son côté, l'ONU a déclaré que ses travailleurs humanitaires peinaient à accéder aux zones inondées où ponts et routes ont été détruits. Face à l'ampleur de la catastrophe, les promesses d'aide ont commencé à affluer. Le gouvernement américain a promis dimanche une enveloppe de 10 millions de dollars, l'envoi d'hélicoptères, de bateaux et de matériel de secours pour aider le Pakistan. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est engagé à contribuer jusqu'à 10 millions de dollars, tandis que la Chine, elle-même frappée par des inondations, a annoncé une aide de 1,5 million de dollars. Samedi, la Commission européenne avait débloqué 30 millions d'euros en faveur du Pakistan. L'armée et le Centre national de gestion des catastrophes, chargés de la coordination des opérations, ont affirmé avoir déjà secouru plus de 28 000 personnes dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. Quelque 29 529 habitations ont été endommagées dans le nord-ouest, selon ces mêmes sources. Les services pakistanais de météorologie ont fait état de précipitations «sans précédent» et annoncé jusqu'à 200 millimètres d'eau dans cette région pour les deux prochaines semaines. G. H.