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Des dispositifs de régulation à la puissance zéro
Voracité des spéculateurs à la veille du Ramadhan
Publié dans La Tribune le 05 - 08 - 2010


Photo : M. Hacène
Par Rachida Merkouche
Il fallait s'y attendre. Le Ramadhan de cette année ne pourrait être différent des précédents, la spéculation n'étant pas combattue par des actions concrètes sur le terrain. Les pouvoirs publics se contentent d'élaborer des dispositifs qui restent sans effet en l'absence d'un contrôle régulier et intransigeant, les menaces de sanction ne sont pratiquement jamais appliquées, et si elles le sont, les contrevenants ont juste à user de passe-droits et de pots-de-vin pour en réchapper. On peut toujours espérer après cela faire aboutir des mesures prises pour décourager les commerçants à recourir à des pratiques illicites ou à augmenter leurs prix, notamment à l'approche du Ramadhan. Le marché est depuis quelques jours un parfait baromètre de l'impuissance des pouvoirs publics à faire appliquer les mécanismes annoncés en janvier dernier par l'ancien ministre du Commerce et destinés à plafonner les prix des produits de large consommation. Les travaux de la commission mixte, qui a été annoncée à la même période par l'ancien membre du gouvernement, et qui regroupe les représentants des ministères du Commerce et de l'Agriculture, n'ont toujours pas abouti. La commission en question est toujours «à pied d'œuvre» en vue de préparer un projet de loi devant modifier la loi sur la concurrence. Et sur la base de cette future loi, l'Etat pourra en principe intervenir sur la régulation et la fixation des prix. La presse s'était largement fait l'écho de cette décision et les ménages s'étaient pris à espérer une régression des prix à travers une présence de l'Etat dans un domaine abandonné depuis longtemps à la voracité des spéculateurs. Il n'en est finalement rien, et à quelques jours du Ramadhan, le marché flambe. Les viandes rouges et blanches donnent le tournis même aux daltoniens, qu'elles soient locales ou importées. Il était pourtant question d'inonder le marché dans le but de faire baisser les prix de ces marchandises et de les rendre accessibles aux citoyens. Les prévisions des pouvoirs publics ont été finalement contrariées par la cupidité des commerçants qui ont le champ libre et qui ne conçoivent plus leur corporation autrement qu'en saignant les consommateurs. La situation est à la limite de l'intolérable, les familles devront se serrer davantage la ceinture durant ce mois de jeûne faute de moyens pour s'offrir ne serait-ce que le nécessaire. Tout est devenu un luxe, des légumes autrefois à la portée de toutes les bourses jusqu'à la sardine, le poisson des pauvres, devenue une denrée inaccessible pour les bourses modestes. Les chefs de famille, dont le pouvoir d'achat est en nette régression, se retrouvent livrés pieds et poings liés à l'appétit sans limite des spéculateurs. «Cela est dû à la forte sollicitation des produits, c'est la loi de l'offre et de la demande […]». Une explication légitimée par l'absence des pouvoirs publics qui peinent à reconquérir le terrain, et dont toutes les décisions auront de fortes chances de ne pas aboutir à défaut d'user d'une main de fer.


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