Photo : M. Hacène Par Nabila Belbachir Le jeûne a beaucoup de bienfaits sur la santé tant que l'alimentation est équilibrée, en quantité raisonnable et que le temps de sommeil nécessaire est respecté. Il est scientifiquement conseillé pour les personnes en bonne santé. Cependant, jeûner est déconseillé aux personnes atteintes de maladies chroniques, à savoir les hypertendus, les diabétiques, les femmes enceintes et celles qui allaitent et les personnes âgées. D'ailleurs, les médecins ne cessent de le répéter : «Le jeûne est fortement déconseillé aux grands malades, c'est-à-dire aux patients dont l'état de santé nécessite une prise de médicaments.» De ce fait, certaines maladies ne riment pas avec le jeûne du Ramadhan et notre religion le permet pour éviter de graves répercussions sur leur santé. «Pour les malades en soins ambulatoires souffrant de maladies chroniques ou d'une maladie récente, ainsi que pour les femmes enceintes, il est temps de consulter ou de demander conseil à son médecin pour la conduite à adopter pendant le mois sacré», a conseillé le Dr Kadri Kamel, chef de service de médecine interne à Birtraria (El Biar). Pour l'exemple, il citera le cas des hypertendus, dont le jeûne entraîne des risques se manifestant par un déséquilibre tensionnel et de complications graves : accident vasculaire cérébral, œdème aigu du poumon, déshydratation. Le spécialiste a fait savoir que jeûner est contre-indiqué en cas d'une hypertension artérielle maligne, instable, traitée par deux ou plusieurs médicaments et en cas également de complications coronaires, cérébro-vasculaires, d'insuffisance rénale. Toutefois, le Dr Kadri a rassuré que le jeûne est autorisé si le patient est stabilisé, traité par un seul médicament en une seule prise sans autre maladie associée. Cependant, il doit rompre le jeûne en cas d'un pic hypertensif ou la survenue d'une complication. «Il faut que ces patients contrôlent leur tension artérielle de façon régulière», a préconisé le spécialiste. Le Ramadhan est également déconseillé aux malades qui prennent plusieurs médicaments, ce qui n'est pas toujours évident durant le mois sacré. Pour allier état de santé adéquat et prise médicamenteuse, les spécialistes ont affirmé que «les changements du schéma thérapeutique sans avis médical, pendant le jeûne, peuvent avoir des effets négatifs dont des risques d'intoxication médicamenteuse. Et les formes de «libération prolongée» (LP) pour certains médicaments permet d'adapter les prises et la dose au jeûne, mais seul le médecin traitant juge de l'opportunité de cette forme.». D'où il est conseillé aux malades de ne procéder à aucun changement thérapeutique sans l'avis de leur médecin. Outre les hypertendus et les diabétiques, les spécialistes ont abordé aussi certaines pathologies où jeûner est proscrit. A titre d'exemple, le jeûne est déconseillé chez un sujet ulcéreux car il risque une hémorragie digestive (vomir du sang ou avoir des selles noirâtres) ou une péritonite par perforation d'ulcère. Le jeûne n'est pas autorisé également chez le patient souffrant d'un ulcère évolutif ou d'un ulcère qui a moins de six mois de cicatrisation. Le jeûne est autorisé chez le patient qui a un ulcère cicatrisé de plus de six mois sous traitement protecteur gastrique. En cas de crise douloureuse, rompre le jeûne immédiatement. Il a été question également des personnes ayant des problèmes cardio-vasculaires. Il est déconseillé de jeûner chez tout patient souffrant d'insuffisance cardiaque avec ou sans hypertension artérielle, infarctus du myocarde moins de trois mois, angor instable, prise médicamenteuse multiple (plus de deux par jour). Les personnes qui souffrent, par ailleurs, d'un mal asthmatique, l'arrêt du traitement pendant le jeûne peut aggraver la situation. Chez les épileptiques, arrêter le traitement peut provoquer des crises comitiales. En général, il est déconseillé chez les dialysés et les transplantés si le traitement est contraignant (2 à 3 fois/j). Et en cas de maladies rénales aiguës, le jeûne est strictement interdit. Loin d'être des maladies chroniques, la vieillesse et la grossesse sont des états où il est recommandé de ne pas jeûner. «La plupart de nos personnes âgées jeûnent, donc il faut leur donner des recommandations, parce que sur le plan physiologique, elles sont dans un état d'anorexie physiologique et d'asepsie, c'est-à-dire qu'elles n'expriment ni le besoin de la faim ni celui de la soif», a précisé le Dr Kadri. En effet, quand une personne prend de l'âge, plusieurs modifications physiologiques commencent à avoir des répercussions sur l'absorption des nutriments. C'est pourquoi, quand la personne âgée jeûne, il faut qu'il y ait un suivi pour qu'elle mange régulièrement : au f'tour, avant de se coucher et au petit matin (s'hour). «La grossesse n'est pas une maladie, c'est un état physiologique normal pour une femme en bonne santé. Le jeûne ne constitue pas de danger, ni pour la mère ni pour le fœtus. Ce dernier s'alimentant exclusivement des réserves de sa mère, la femme enceinte doit manger de manière variée, équilibrée et saine, pour éviter qu'elle puise dans ses réserves et arriver à une dénutrition», a-t-il tenu à souligner. En cas de risque de santé pour elle ou pour son fœtus, l'avis du médecin est nécessaire. En effet, durant le Ramadhan, la femme allaitante ou enceinte doit manger de manière variée, équilibrée et saine, sinon elle va puiser dans ses réserves (la dénutrition endogène). Donc, elle devient vulnérable aux infections et aux agressions bactériennes, ce qui fait qu'une petite grippe ou une petite infection respiratoire aura des conséquences vraiment fâcheuses. Toutefois, si les sujets précédemment évoqués sont amenés à jeûner (avec autorisation du médecin, bien sûr), une prise correcte de médicaments et de compléments alimentaires s'avère nécessaire. Les spécialistes de la santé se sont mis d'accord à affirmer que «le jeûne est un traitement sans médicament, car il contribue au maintien d'une bonne santé. Mais pour certaines personnes malades, elles sont dans l'obligation de suivre les conseils de leur médecin inclus dans le traitement médical».