C'est avec un concept nouveau en Algérie que la troupe El Gossto a charmé hier le public du palais de la culture Moufdi-Zakaria. Dirigés par le metteur en scène Ziani Cherif Ayad, les quatre comédiens du spectacle Gourbi, mon amour ont amusé les spectateurs majoritairement venus en famille. Installé dans la cour du palais en plein air, le public a pu, tout en sirotant son thé, apprécier le «café-théâtre». Avec un décor léger qui se résume à un présentoir pour le patron du café Abdelkader, des chaises, des tables et des tapis, la pièce a traité plusieurs thèmes sociaux en arrachant le rire du public. Avec Abdelkader, le kahwadji, un peu grincheux, le jeune serveur prédisposé à l'émigration clandestine, El Amri, le mythomane, et le musicien du café, les spectateurs ont suivi l'évolution des problèmes et des conflits de ces quatre personnages que rien ne lie. Le spectacle s'amorce avec l'arrivée d'Abdelkader et le jeune serveur qui constatent vite que leur café est plein de monde et surtout de touristes. N'ayant pas vu d'étrangers en Algérie depuis la décennie noire, les deux bonhommes tentent de distraire tant bien que mal leurs clients. Le musicien arrive en retard et sert des reprises de Rachid Ksentini, comme Quand j'étais dans mon gourbi. Quant à El Amri, qui habite dans un gourbi, il abordera l'éternel problème de logement. Enchaînant les mensonges et alliant le sarcasme à la réalité, ce personnage a déclenché l'euphorie totale. N'ayant pas réussi à se procurer un logement, il est devenu l'ami d'un responsable au point de le pousser à raconter ses malheurs, si l'on peut appeler ainsi les soucis. Quant à Abdelkader, le gérant du café, il se distingue par ses positions politiques contradictoires. Le jeune serveur, pour sa part, cherche à faire connaissance avec les clients tout en espérant trouver une voie vers l'autre côté de la Méditerranée. Par ailleurs, au-delà de l'interprétation moyenne des comédiens et de quelques thèmes dépassés, les comédiens ont bien occupé l'espace et réussi à faire rire le public qui s'est retrouvé lui-même personnage du spectacle. Le scénario donne l'impression de ne pas s'adresser aux Algériens vu les thèmes abordés. Basé sur des critiques subtiles, il n'apporte pas de réponse et confère la pièce l'aspect d'un long sketch. Le public sortira quand même ravi non pour la qualité du spectacle, mais pour le concept de café-théâtre qui débarque fraîchement chez nous. Très apprécié par le public, il serait bien de voir d'autres troupes théâtrales s'y mettre. W. S.