De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Mardi 10 août, veille du premier jour de Ramadhan. La superbe plage de la commune mostaganémoise, Marset El Hadjadj, anciennement «Port aux Poules», affiche complet et jusqu'au milieu de l'après-midi, les baigneurs continuent d'affluer, en famille ou entre amis, pour ce qui devait être le dernier jour des vacances en mer : «Pour nous en tout cas, c'est le dernier, annonce l'un des jeunes plagistes. Que nous jeûnions ou non demain, nous enlevons aujourd'hui, parasols et tables. C'est terminé pour cette année !» Le mois sacré s'achevant aux environs du 11 septembre, juste avant la rentrée des classes, la reprise sociale et leur lot de tracasseries, il est vrai que la saison estivale de cette année - qui a, par ailleurs, débuté après la Coupe du monde de football - a été très courte, compromettant d'autant un secteur touristique encore balbutiant.Même s'il est encore tôt pour évoquer le nombre d'estivants et les recettes touristiques pour la saison 2010, il est évident que les villes d'Algérie ont pâti de la survenue du Ramadhan en plein mois d'août, un mois qui enregistre traditionnellement les pics d'afflux touristique.Dans la wilaya d'Oran, par exemple, les plages ont été désertées et les complexes touristiques n'enregistrent aucune animation culturelle dans la journée : «Les lieux ne connaissent un peu d'animation que durant la nuit, après Taraouih, confirme, un peu assommé par la chaleur, un employé des Andalouses, un des complexes les plus courus de la région Ouest. Il y a toujours la kheïma où l'on peut assister à des tours de chant et déguster du thé, et les enfants peuvent se balader et prendre de la glace.» Mais pour que cet établissement touristique renoue avec des activités plus soutenues, quasi ininterrompues, il faudra revenir dans quelques années, lorsque la période de jeûne ne coïncidera plus avec l'été. Les 400 chambres, et les 175 villas et bungalows des Andalouses ont pourtant connu un certain nombre d'opérations de rénovation et de relookage en perspective de la saison estivale. Mais les réservations s'étaient arrêtées aux mois de juin et juillet, selon ce qu'avait indiqué à la veille du lancement de la saison estivale, le responsable de Gestour, entreprise de gestion du complexe. Mais, à l'évidence, aucune mesure spécifique n'a été prise par ce complexe - ni par aucun autre d'ailleurs - pour tenter d'amortir l'effondrement des recettes induit par la correspondance, connue et prévue, du Ramadhan avec le mois d'août.D'ailleurs, hormis un tarif spécial «Siam» lancé par Air Algérie pour convaincre les émigrés à passer le mois de Ramadhan sur le territoire national, aucune stratégie de sauvetage du tourisme n'a été élaborée. Contrairement à la Tunisie par exemple qui a pris une batterie de mesures destinées à encourager son tourisme : un ajustement des transports publics et privés assuré jusqu'à l'aube dans les zones touristiques, l'installation de tentes dans les structures hôtelières dont les personnels ont été appelés à s'adapter aux besoins des touristes, l'organisation de spectacles nocturnes variés… Mais il est vrai que le tourisme tunisien est une institution dans le pays de Ben Ali et que l'effondrement des recettes touristiques de 2009 a été très mal vécu ; d'où le plan de sauvetage 2010 dont il faudra toutefois encore attendre pour voir s'il aura porté ses fruits.En attendant la mise en place du Schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT 2025), les infrastructures hôtelières et touristiques continueront sans doute de «traîner la patte et de tourner au ralenti». Surtout durant le Ramadhan…