Dans le cadre du programme des activités littéraires intitulé «Makha Ramadhan» de l'Etablissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, la médiathèque Didouche-Mourad a organisé, jeudi dernier, une soirée à l'occasion des festivités commémoratives du 20 Août. Fouzia Laradi, responsable de la médiathèque, a souligné qu'«à l'occasion de la célébration du double anniversaire du 20 Août 1955-1956, nous avons décidé de marquer cette date par une rencontre avec l'un des membres de la troupe artistique du FLN Mustapha Sahnoune et avec l'homme de théâtre Abdelhalim Rabia, qui nous parlera de deux figures emblématiques de cette troupe. Nous assisterons aussi à des extraits de pièces théâtrales et à des déclamations de poèmes.» D'emblée, le compositeur Mustapha Sahnoun expliqua au public que la troupe artistique du Front de libération nationale, créée en 1958 à Tunis, comptait à sa création une quarantaine d'artistes algériens de différentes spécialités - théâtre, chant, poésie et arts plastiques - et avait comme principale mission de faire connaître la cause algérienne et la lutte légitime du peuple algérien pour son indépendance à l'opinion publique internationale. Mustapha Sahnoun, qui a composé le chant patriotique A Yemmaa azizen (Chère mère), précise qu'«il s'agissait avant tout d'ouvrir un nouveau front pour donner la parole à la révolution algérienne loin des champs de bataille à travers les chants et les pièces théâtrales, afin d'œuvrer pour la propagande et la diffusion de la légitimité de la lutte armée qui a résonné sur les scènes du monde entier et même au sein de l'ONU». Il a ajouté qu'«il était aussi important de contrecarrer la propagande de la France coloniale qui n'a cessé d'altérer et de dévaloriser le combat légitime des Algériens en les réduisant à de pauvres fellagas». Pour souligner ses propos, il a déclamé des extraits d'un poème du poète de la révolution algérienne Moufdi Zakaria, qui se terminait par les vers : «Nous sommes une armée de libération et non des fellagas.»Pour sa part, Abdelhalim Rabia a rendu un hommage à l'ensemble des artistes ayant formé la troupe du FLN, qui était dirigée par le dramaturge Mustapha Kateb, et dont faisaient partie Abdelhalim Raïs, Taha Lamiri, Keltoum, Nouria, Larbi Zekkal et Ali Maachi. Il a rappelé que, c'est notamment grâce aux pièces de théâtre et aux chants patriotiques, présentés lors des tournées dans les pays arabes, européens et même asiatiques, qu'il y a eu une réelle sensibilisation de l'opinion internationale à la cause algérienne.Abdelhalim Rabia est aussi revenu sur le parcours de deux grands noms de la troupe artistique du FLN, en l'occurrence Mustapha Kateb, responsable de la troupe, mais aussi grand metteur en scène, et Abdelhalim Raïs, considéré comme le grand auteur dramaturge de la révolution algérienne. La soirée s'est terminée par la présentation d'un extrait de la pièce de théâtre Les enfants ! C'est novembre de l'association théâtrale «Kalila wa dimna».Saïd Yella, le président de l'association, qui interprète le rôle du mendiant, explique : «J'ai écrit cette pièce en m'inspirant du poète de la révolution Ali Menguellati, plus précisément de son poème Le Mendiant qui se découvre qu'il est aussi enfant de l'Algérie et qu'il a un devoir à faire envers sa patrie.» Il ajoute à propos du rôle de cette association : «Nous essayons de créer des passerelles à travers les différentes générations, pour réapprendre à nos enfants à sourire, à rêver et à garder l'espoir et foi dans la vie. Je pense que c'est cela aussi le message du 1er Novembre. Pour preuve, je confectionne les marionnettes, la musique des contes est composée par Mustapha Sahnoun ; la relève existe notamment grâce à sa fille Amina Sahnoun, qui est la voix exceptionnelle de la marionnette, en plus de sa voix de rossignol pour les chants qui redonnent le sourire à nos enfants.» Saïd Yella ajoutera pour conclure : «Le message que l'on veut également faire passer à travers cette pièce, mais sous une forme ludique est qu'il ne suffit pas à l'individu de quémander ses droits fondamentaux pour les obtenir ; c'est, en vérité, une lutte de longue haleine dont il ne faut jamais se départir.» S. A.