Le marché des assurances en Algérie reste toujours le parent pauvre de tous les secteurs, particulièrement celui des finances. Il représente en termes de pénétration des prestations 0,7% du PIB national. Les responsables du secteur n'ont pas cessé de le mettre en exergue. La part du secteur dans le monde est en moyenne de 8%, ce qui équivaut à quelque 3 500 milliards de dollars par an. Notre pays est loin d'atteindre cette moyenne. Un responsable d'une compagnie d'assurances a même reconnu que «l'évolution du secteur ne suit pas celle du développement économique». A quoi cela est-il dû ? La question est importante et la réponse n'est pas aisée. Il faut revenir en arrière pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette faiblesse que même le ministre des Finances ne cache pas. Ce dernier, en avançant les chiffres relatifs au secteur, estime que les dépenses des ménages pour l'assurance ne dépassent pas 17 dollars par personne. Y a-t-il un problème de communication ou de mentalité ? L'arsenal juridique manque-t-il d'harmonie ? Existe-t-il des failles dans la réglementation en vigueur ? Ce chapelet de questions a, de tout temps, été posé mais les réponses, voire les solutions ont été toujours décriées par les spécialistes et les acteurs du secteur. La toute dernière action entreprise par le ministère renseigne on ne peut plus sur l'urgence de mettre à jour un secteur censé être le protecteur, l'accompagnateur et même le garant de la pérennité des grands projets lancés tous azimuts, des entreprises et même du patrimoine industriel national dans son ensemble. Le ministère parle incessamment d'une refonte profonde du secteur compte tenu d'une nouvelle reconfiguration de la finance mondiale secouée par des crises cycliques contre lesquelles ce secteur ne sera pas à l'abri dans les prochaines années. Le ministère, face à ce tableau, préconise un certain nombre de recommandations. Ainsi, pour booster un tant soit peu l'activité du secteur, il est fait état notamment de l'amélioration de la gouvernance des entreprises, de la stimulation de l'activité des assurances et du renforcement du niveau général du marché. Ces trois points ont été le cheval de bataille du ministère ; il compte en constituer une feuille de route qui sera le repère unique pour les compagnies dans les prochaines années. De même, selon les grandes lignes de la loi le régissant, adoptée en 2006, le secteur souffre également du manque de développement de la branche assurance santé et de personnes. Le gouvernement a fixé l'année 2011 comme date butoir pour le lancement par les compagnies de filiales activant dans cette branche. Le premier exemple auquel il faudrait faire référence est la CAAT qui a signé récemment un accord avec un groupe espagnol spécialisé dans cette branche. La bancassurance, un nouveau procédé pour la distribution du produit assurantiel, fait partie également du lot des recommandations de la loi de 2006. Pratiquement, la majorité des compagnies ont paraphé des conventions en vue de développer cette nouvelle formule qui permet de faire d'une pierre deux coups : atteindre une catégorie de personnes jusque-là isolées, par la suite toucher un éventail de clients et élargir les portefeuilles des compagnies. Il est vrai que le volet dommages accapare à lui seul une part très importante du secteur. D'où la négligence d'autres branches telles que l'assurance agricole. En effet, ce secteur, qui demeure un des leviers de tout développement, souffre de cette faiblesse ou plutôt de cette protection. Dans le même chapitre, il y a lieu de relever l'assurance santé et de personnes. Un marché juteux qui fait le bonheur des compagnies d'assurances sous d'autres cieux. En ce qui concerne l'atelier mis en place par le ministère, il a permis de faire la lumière sur certaines failles afférentes à la gestion des compagnies. Pour y remédier, une série de mesures ont été proposées. Elles portent notamment sur le renforcement du rôle des conseils d'administration et la mise en place de critères de performance des entreprises. Le développement du secteur doit passer inéluctablement, selon eux, par le renforcement des systèmes d'information et d'utilisation de l'association des sociétés d'assurances algériennes (UAR) comme espace de concertation et d'échanges d'expériences dans ce domaine, ainsi que sur la mise en place de règles communes de contrôle interne et la consolidation des capacités financières des sociétés. Le département des finances évoque également la stimulation de l'activité d'assurance. Les professionnels de ce secteur envisagent l'assouplissement des conditions d'agrément des intermédiaires d'assurances et l'actualisation des règles prudentielles liées à cette activité. Ils suggèrent aussi l'examen de l'opportunité d'ouverture du marché aux courtiers internationaux d'assurance directe, l'assouplissement du dispositif fiscal concernant les revenus des placements au titre de l'assurance de personnes et la capitalisation ainsi que l'actualisation des niveaux de représentation des engagements réglementés par les valeurs d'Etat. En clair, les experts mettent l'accent sur la nécessité de redéfinir le rôle et les attributions des différentes institutions du marché : CNA (Conseil national des assurances), UAR, l'organe central de tarification, afin d'optimiser l'allocation des ressources de chacune d'elles et éviter le double emploi. Les spécialistes envisagent, somme toute, d'aller vers la création d'une école nationale des assurances dans l'objectif d'améliorer les compétences au sein du marché, de favoriser la coassurance comme outil de discipline de la concurrence entre les opérateurs, de constituer au niveau du réassureur national des pools de réassurance. S. B