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L'Afghanistan ou l'histoire tumultueuse d'une nation multiethnique
Un pays stratégique ayant été le théâtre de la guerre froide
Publié dans La Tribune le 31 - 08 - 2010

Si l'on fait exception des «grandes ethnies», les Pachtouns et les Tadjiks (et peut-être les Ouzbeks et les Turkmènes), la plupart des petites ethnies d'afaghanistan vivent comme au Moyen Âge, isolées, enclavées, dans une immense pauvreté, analphabètes (plus de 90%) et mal soignées, sans savoir ce qui se passe dans le monde.
Données historiques
L'histoire de l'Afghanistan est jalonnée de nombreuses invasions : Perses, Alexandre le Grand, Huns, Arabes, Turcs, Mongols de Gengis Khan, Indiens, Britanniques et Soviétiques, puis Américains. Partout, les ruines et le sous-sol témoignent des règnes, des invasions, des carnages, etc., qui ont eu lieu en Afghanistan. Aujourd'hui encore, les Afghans comptent en leur sein tous les peuples que les envahisseurs ont rassemblés. C'est un pays de montagnes impénétrables, de déserts impitoyables et de climats extrêmes. C'est donc en grande partie à cause de sa géographie - une véritable forteresse naturelle- que l'Afghanistan a toujours résisté aux envahisseurs.
Au VIe siècle avant notre ère, l'Afghanistan faisait partie de l'Empire perse des Achéménides, lui-même conquis aux environs de 330 par Alexandre le Grand (-356 à -323). Le passage de ce grand conquérant macédonien fut bref, mais il a laissé des traces dans l'histoire de l'Afghanistan. Il fonda les trois principales villes du pays, Kaboul, Kandahar et Heràt.Après la mort d'Alexandre (en -323), la plus grande partie de la région (appelée alors la Bactriane) passa sous la domination d'un général d'Alexandre, Séleucos Ier Nikator
(v. -358 à -289), puis sous celle du roi indien Chandragupta Maurya (v. -340 à v. -291). Celui-ci réussit à arrêter la progression des Macédoniens et repoussa même sa frontière occidentale plus à l'ouest en se positionnant dans l'actuel Afghanistan. Dans le nord de l'Afghanistan, un État grec fut fondé de -256 à -130. Le royaume gréco-bactrien dura deux siècles, soit de -250 à -50, engendrant un mixage étonnant : les Grecs macédoniens se convertirent au bouddhisme tout en gardant la langue et l'alphabet grec. C'est cette civilisation gréco-bouddhique qui a donné naissance à un art développé dans les bouddhas géants de Bamyan (aujourd'hui détruits).
L'invasion britannique
En mars 1838, des forces anglo-indiennes envahirent l'Afghanistan, ce qui déclencha la première guerre anglo-afghane (1839-1842). Les envahisseurs prirent la ville de Kandahar (en avril 1839), puis Ghazni (en juillet) et enfin Kaboul (en août). Après l'échec d'une expédition anglo-indienne en décembre 1842, les Britanniques durent quitter l'Afghanistan, tandis qu'un accord de paix était conclu avec le gouvernement indien en 1855.Par la suite, des luttes dynastiques laissèrent le pays dans un état d'agitation permanente jusqu'en 1878, alors que les forces armées anglo-indiennes envahirent une nouvelle fois l'Afghanistan. La campagne militaire britannique fut couronnée d'un certain succès et, par le traité de Gandarak (26 mai 1879), le souverain afghan dut accepter un semi-protectorat anglais qui visait à isoler le pays de toute influence extérieure autre que britannique. Le Traité de la ligne Durand, qui fut signé le 12 novembre 1893 entre Abdul Rahmân Khân, l'émir de Kaboul, et Sir Henry Mortimer Durand, le secrétaire des Affaires étrangères du gouvernement britannique de l'Inde, apportait de vastes zones habitées par les Pachtounes d'Afghanistan sous le contrôle administratif des Britanniques. Le texte du traité identifie clairement l'émir et non le gouvernement de l'Afghanistan comme signataire du document. C'est ainsi que l'Afghanistan prit sa configuration territoriale actuelle (amputé de sa partie sud maintenant au Pakistan) et acquit son statut d'État-tampon entre l'Empire des Indes et celui des tsars de Russie. L'émir Abdal-Rahmân Khân jeta les bases d'une administration centralisée, mais son nom est aujourd'hui associé à l'«infamant accord Durand» pour lequel les Afghans ont développé un fort ressentiment. Ce n'est qu'en 1919, au terme de la troisième guerre anglo-afghane, que l'Afghanistan retrouva la maîtrise de sa politique extérieure et son indépendance politique, sans les territoires perdus.
L'indépendance de l'Afghanistan
Une fois l'indépendance acquise, 19 août 1919, le souverain Amanollah Khan institua une série de réformes politiques, sociales et religieuses, suivant en cela les programmes de modernisation de l'Iran et de la Turquie. Un traité d'amitié fut signé avec l'URSS qui équipa et entraîna l'armée afghane. Un gouvernement constitutionnel fut instauré en 1923, les titres de noblesse furent abolis, l'enseignement pour les femmes devint obligatoire; d'autres mesures radicales destinées à moderniser les institutions
traditionnelles furent imposées. Ce programme d'occidentalisation forcée heurta la société afghane restée très traditionnelle. En 1929, Kaboul tomba aux mains des Tadjiks afghans; le roi pachtou fut renversé et remplacé par un roturier tadjik, qui fut à son tour évincé par un autre. Par la suite, le gouvernement afghan promulgua, en octobre 1931, une constitution et établit des relations commerciales étroites avec l'Allemagne, l'Italie, et le Japon. En novembre 1946, l'Afghanistan devient membre des Nations unies.En 1947, soit avec l'accession à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan, l'Afghanistan demanda la tenue d'un référendum d'autodétermination dans la province de la frontière du Nord-Ouest, région du Pakistan peuplée essentiellement de Pachtouns et de Baloutches. Le 2 juillet 1949, le Parlement afghan proclamait l'annulation des accords signés par les précédents gouvernants afghans avec le gouvernement britannique de l'Inde, dont surtout le fameux accord Durand qui avait cédé de vastes portions du territoire afghan à l'Empire des Indes britanniques. Cette loi unilatérale d'annulation et de résiliation de l'accord Durand a, à l'époque, gagné la grande admiration du public afghan. Les tensions entre le Pakistan et l'Afghanistan persistèrent pendant plusieurs années, car le projet afghan - dont celui de créer un «Grand Afghanistan» incluant les territoires perdus- n'a évidemment jamais abouti, le Pakistan n'ayant aucun intérêt à résilier cet accord Durand et s'amputer lui-même d'une partie de son territoire actuel. Mécontent de la signature d'un pacte d'assistance militaire conclu entre les États-Unis et le Pakistan, l'Afghanistan se rapprocha de l'URSS. À partir de 1959, le pays connut une autre vague de modernisation qui se poursuivit sous le règne de Zahêr Shah. L'abandon du voile islamique, la mixité des universités furent décidés, une nouvelle constitution fut promulguée en 1964 et les partis politiques furent autorisés l'année suivante. Les premières élections législatives eurent lieu en septembre 1965. L'État devint progressivement laïc et tolérant. Les partis politiques se développèrent, dont le Parti communiste et le Parti démocratique du peuple afghan (PDPA). De plus, deux grands lycées, l'un français, l'autre, allemand, ont contribué à former une classe intellectuelle afghane ouverte sur le monde. Cependant, à la fin des années soixante, le pays connut de graves sécheresses, une grande famine et la naissance de groupes révolutionnaires, tant communistes qu'islamistes, ce qui entraîna le discrédit de la monarchie paternaliste du roi Zahêr. C'est dans ce contexte que, en juillet 1973, Mohammed Daoud, le «prince rouge» (et cousin du roi) s'empara du pouvoir au cours d'un coup d'État, destitua le roi et proclama la Première République afghane. Une constitution promulguée en février 1977, et donnant les pleins pouvoirs au président, fit de l'Afghanistan un régime à parti unique, avec l'islam pour religion d'État. Les pouvoirs législatifs furent dévolus à un parlement (la Shura), comprenant deux chambres. Cette constitution fut suspendue en avril 1978 à la suite d'un coup d'État communiste et le président, assassiné. Le Conseil révolutionnaire devint le principal corps gouvernemental d'un pays médiéval de 17 millions d'habitants. Les nouveaux dirigeants, militaires et membres du Parti démocratique du peuple afghan (PDPA), organisés en un Conseil révolutionnaire suspendirent la Constitution et mirent en place un programme de «socialisation». L'école devint obligatoire, puis une propagande antireligieuse intensive aggrava les effets d'une politique qui brisait les cadres traditionnels de la société et déclencha en retour la résistance armée des islamistes les plus radicaux dans la région (juillet 1978).
L'invasion russe
En décembre 1979, le président afghan fut renversé lors d'un coup d'État, le pays fut envahi par les troupes soviétiques alors sous la gouverne de Leonid Brejnev, afin de soutenir le gouvernement de Kaboul dans la lutte qui l'opposait aux moudjahidines (des rebelles islamistes). Le conflit dégénéra en «guerre sainte» (le djihad) contre l'envahisseur étranger et infidèle (le kaffir). Durant l'occupation soviétique, les enfants furent obligés d'apprendre le russe au lycée et la plupart des enseignants étaient des Russes. Les meilleurs élèves recevaient des bourses pour partir étudier en URSS ou dans les pays de l'Europe de l'Est. Au milieu des années quatre-vingt, les forces gouvernementales afghanes et 200 000 militaires soviétiques contrôlaient les villes et les principaux axes de communication, soit 20 % du pays. En mai 1986, avec l'arrivée à la Maison-Blanche du président Ronald Reagan, la fourniture massive d'armes américaines (missiles anti-aériens Stinger fort efficaces pour contrer l'action des hélicoptères blindées de l'URSS) et l'aide pakistanaise modifièrent les données du conflit qui se transforma, des deux côtés, en une guerre classique avec l'usage d'armes lourdes, de blindés et d'artillerie. Au cours de ces années, de nombreux groupes fondamentalistes afghans reçurent de la CIA de l'aide militaire et financière du fait qu'ils se présentaient comme des «combattants de la liberté» dans la guerre contre les forces soviétiques. Plus de trois millions d'Afghans passèrent la frontière pour se réfugier au Pakistan et en Iran. Parmi ces Afghans, se trouvèrent des talibans dont les enfants ont abouti dans les madrasas, ces fameuses écoles ultra-islamistes. Il y eut environ 10 000 madrasas au Pakistan avec près d'un million d'étudiants âgés entre 10 et 35 ans, qui récitaient par cœur, pendant des années, le Coran. Beaucoup de ces madrasas donnaient en plus un entraînement militaire et enseignaient même la fabrication des bombes. Finalement, après dix ans
d'enlisement dans une «sale guerre», les Soviétiques ayant encouru des pertes sévères (15 000 morts), se retirèrent de l'Afghanistan en 1989. Après avoir grandement contribué à l'effondrement de l'URSS, les États-Unis cessèrent dès lors leur aide aux moudjahidines, qui continuèrent avec succès leur combat contre le régime communiste resté en place à Kaboul.
Les conflits internes
En effet, les moudjahidines ces hommes de tribus qui jugeaient le gouvernement afghan trop anti-islamique, se rebellèrent, réactivant ainsi une guerre civile qui se poursuivit jusqu'en avril 1992, soit jusqu'à la chute de Kaboul. La ville avait été prise par une
coalition de Tadjiks, d'Ouzbeks et de Hazaras. Ce sont ces groupes qui ont renversé le régime communiste, ce qui fut interprété comme la fin de l'hégémonie pachtoune en Afghanistan. Les troupes des moudjahidines purent établir leur régime islamiste. Ils furent soutenus par les déserteurs de l'armée afghane, le Pakistan et les États-Unis. Mais, dans tous les villages, dans toutes les provinces, des seigneurs de la guerre apparus dans les combats contre les Soviétiques protégèrent leurs propres intérêts. Les conflits armés reprirent durant plusieurs années entre les musulmans radicaux et modérés, sunnites comme chiites, et entre certaines ethnies (Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras) pour le partage du pouvoir. Au cours de l'année 1992, les factions rivales acceptèrent la mise en place d'un conseil intérimaire pour gouverner l'Afghanistan et, en septembre 1993, les dirigeants de la guérilla approuvèrent une constitution provisoire. Le 1er janvier 1994, les combats reprirent à Kaboul. Un nouvel accord de paix, conclu en janvier 1995, fut immédiatement rompu sous la poussée militaire d'un nouveau mouvement armé apparu à l'été 1994 : celui des talibans.
Le mouvement des talibans fut fondé dans la ville de Kandahar, au sud de l'Afghanistan, en août 1994, par le mollah Mohammed Omar. Le nom de taliban, qui signifie «étudiant en théologie» (issus des madrasas ou écoles coraniques), est censé faire référence aux origines du groupe, bien que la plupart de ses membres aient connu la guerre toute leur vie et n'aient été étudiants que le temps d'une formation religieuse rudimentaire. Beaucoup d'entre eux sont même analphabètes, mais ils étaient dotés de chars et d'artilleries, et savaient fabriquer des bombes. En 1994, les talibans sortirent de l'ombre et accusèrent les moudjahidines d'avoir trahi la confiance du peuple afghan en échouant dans la construction d'un gouvernement authentiquement islamique.
Le régime des talibans
Dirigé par le mollah Mohammad Omar, encadré par des oulémas («érudits») et soutenu financièrement par l'Arabie saoudite, avec l'appui direct des services secrets et de l'armée du Pakistan, le nouveau mouvement des talibans devint vite populaire. Au début de l'année 1996, le pays était toujours partagé entre les différentes milices armées. Les talibans balayèrent tout sur leur passage, reprirent Kaboul en septembre 1996 aux troupes du commandant Massoud et réussirent à contrôler les deux tiers du pays. Seul le
Nord restait sous le contrôle de l'Alliance du Nord (principalement des Ouzbeks et des Tadjiks), dont les troupes possédaient une armée et un équipement presque équivalent.Les talibans ont donc élaboré un code sévère en matière de comportements. On aura intérêt à consulter des extraits des 16 commandements des talibans, tels que traduits et parus dans les Nouvelles d'Afghanistan (au 1er trimestre de 1997). Bien que les mesures adoptées par les mollahs n'aient pas été très populaires, le rétablissement d'un minimum d'ordre dans le pays ont rendu ces derniers plus acceptables, d'autant plus qu'ils ont accordé un rôle prépondérant à l'ethnie pachtoune et à sa langue, le pachtou. Il faut dire que l'ordre moral imposé par les talibans repose à la fois sur la charia, mais aussi sur le code tribal pachtoun, le pashtounwalli - les règles édictées par ces deux instances pouvant être contradictoires sur plus d'un point.Depuis le 27 septembre 1996, l'Afghanistan est devenu un État islamique dominé par les hommes, qui impose à toute la population la stricte interprétation de la loi religieuse (la Chariâ). Quand des Afghans démontraient aux talibans que tous ces interdits et ces actes souvent cruels n'étaient guère prévus dans le Coran, ces derniers se contentaient de répondre que c'était leur politique. Au final, les talibans prônaient le retour au califat du début de l'ère islamique, ainsi que la stricte application de la Chariâ, et ce, tant dans les affaires de l'État que dans les relations internationales. Enfin, comme les talibans estimaient avoir été choisis par Dieu, ils se sont donné le droit d'appliquer sa loi. Sous le régime des talibans, l'Afghanistan est resté l'un des pays les plus pauvres au monde - même en tenant compte de la production d'opium : 70% de la production illicite mondiale, avec un faible revenu par habitant (800 dollars annuellement) permettant juste de survivre. Par exemple, Haïti, le plus pauvre des pays de l'hémisphère américain, fait presque bonne figure à côté de l'Afghanistan: en effet, l'Afghan moyen est deux fois plus pauvre que l'Haïtien moyen. L'Afghanistan est resté, comme au Moyen Âge, un pays privé d'usines, de commerces, d'infrastructures (avec seulement 21 km de voies ferrées en bon état), voire d'électricité et d'eau courante, mais extrêmement riche en mines antipersonnel (peut-être de huit à dix millions, estime-t-on), pendant qu'on ne comptait plus, dans les rues des villes, les exécutions publiques, les lapidations, les mutilations de toutes sortes et les flagellations.
L'intervention américaine et la chute des talibans
Le pouvoir des talibans est toujours resté fragilisé par la présence persistante d'une opposition armée, celle de l'Alliance du Nord dirigée jusqu'en septembre 2001 par le commandant Massoud, mais, le 9 septembre, ce dernier fut tué par les talibans lors d'un attentat-suicide. Puis, eurent lieu les attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington. On sait que près de 7 000 Américains ont perdu la vie suite à ces événements. Le gouvernement américain accusa aussitôt l'Afghanistan et son protégé, le Saoudien Oussama ben Laden, d'être responsables de ces attentats. Les bombardements américains commencèrent le 7 octobre par des frappes «ciblées» sur des installations militaires afghanes et des bases d'Al-Qaïda, le réseau d'Oussama ben Laden. Ensuite, les forces d'opposition de l'Alliance du Nord se sont appuyées sur ces bombardements pour rependre progressivement le contrôle des villes telles que Mazar-é-Charif, Kaboul, Hérât, Jalalabad, puis Kondôz. Lors d'une rare entrevue accordée au service pachtou de la BBC, le chef des taliban, Mohammad Omar, a déclaré que le retrait de ses troupes des grands centres urbains de l'Afghanistan était un repli stratégique destiné à mieux détruire l'Amérique. Alors que l'étau se resserrait autour de ses troupes, le mollah Mohammad Omar, le chef des talibans, continuait de défier l'Amérique en déclarant qu'elle «tombera au sol» en affirmant: «Ce n'est pas une question d'armes. La vraie question est l'extinction de l'Amérique. Et, si Dieu le veut, elle tombera au sol.» Les talibans qui résistaient encore à Kandahar, leur
dernier fief, ont capitulé le 6 décembre.Militairement, puis politiquement, les talibans ont fini par tomber. Aussitôt, des hommes ont fait la queue chez le barbier pour faire raser leur barbe, des femmes ont osé soulever leur voile, la musique s'est fait entendre à la radio, des enfants ont joué au cerf-volant, et les nouvelles autorités militaires ont affirmé que les écoles ouvriraient bientôt pour les femmes.
*Etude présentée par l'Université de Laval du Canada


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