L'ancien vice-ministre afghan, Hamid Karzaï, a été nommé, hier, à la tête du prochain gouvernement intérimaire à Kaboul. De par sa large connaissance du monde occidental, ce chef pachtoune royaliste rassemble plusieurs qualités qui lui permettent de faire le consensus entre les différentes ethnies afghanes et de répondre aux exigences des alliés. En effet, contrairement aux leaders de l'Alliance du Nord, issus de minorités tadjike, ouzbeke et hazara, Hamid Karzaï est un Pachtoune du sud de l'Afghanistan, ce qui lui permet d'être jugé acceptable par l'ethnie dominante afghane. Par ailleurs, il peut compter sur le soutien des royalistes, puisqu'il est partisan de l'ancien roi déchu, Mohammed Zaher Shah. Il bénéficie également de son passé de combattant antisoviétique qui devrait être apprécié par les anciens moudjahidine, notamment au sein de l'Alliance du Nord. Enfin, le nouveau désigné à la tête de l'Afghanistan est fort de son appui par les Américains. Il a, dès le début des bombardements, soutenu l'action américaine contre les taliban. Né le 24 décembre 1957 à Kandahar, dans le puissant clan pachtoune des Popalzaï, Hamid Karzaï a fait ses études à Kaboul, puis à l'université de Simpla en Inde, et a parfait sa formation aux Etats-Unis où il fut consultant de l'entreprise pétrolière américaine Unocal. En 1982, il a rejoint la lutte antisoviétique, devenant le directeur des opérations du Front de libération nationale d'Afghanistan (FLNA). Exilé à Peshawar (nord-ouest du Pakistan), il rentre à Kaboul en 1992 comme vice-ministre des Affaires étrangères après la chute du régime pro-soviétique de Najibullah. Il démissionne en 1994 et soutient la lutte des taliban. L'arrivée de ces derniers au pouvoir à Kaboul en 1996 allait le nommer envoyé spécial aux Nations unies, mais il avait décliné l'offre affirmant que les miliciens n'étaient qu'un outil des services pakistanais. Son attitude se radicalise envers les taliban, particulièrement après l'assassinat de son père Abdul Ahad Karzaï à Quetta (ouest du Pakistan) en 1999. Suite à cet événement, Karzaï a pris la tête du clan Popalzaï, étroitement lié à la monarchie. En exil à Quetta, il a fait campagne pour un retour de l'ex-roi et l'organisation d'une loya jirga, une assemblée traditionnelle des Afghans. Après les attentats du 11 septembre et la chute annoncée des taliban, il rentre en Afghanistan (il y a environ un mois) pour mener l'offensive sur Kandahar, le dernier fief des taliban. C'est dans la province d'Uruzgan, à 30 km de Kandahar où il conduit avec l'aide des forces spéciales américaines, une offensive contre les taliban, que le nouveau chef de l'Exécutif provisoire afghan aura appris sa nomination.