Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine A. Lemili La Tribune ne s'est finalement pas trompée en émettant des réserves sur les risques d'un flop dans l'organisation du concert de Khaled à Constantine pour la soirée de mardi dernier. Toutes les hypothèses soulevées se sont traduites sur le terrain, et plus précisément sur celui du stade du 17 Juin où, à l'heure du début du concert, seuls quelque 500 spectateurs garnissaient les tribunes alors que les gradins étaient tristement vides.Pour la direction du Mouloudia de Constantine, l'organisateur en l'occurrence, qui tablait sur 25 000 spectateurs, le compte était bien loin d'être bon. Pourtant que de signes indicateurs ont logiquement prévalu dans le choix fait par le MOC, des signes indicateurs que nous avions d'ailleurs soulevés, bien avant le déroulement de la manifestation, avec son P-DG en lui vaticinant littéralement un échec annoncé. Il suffisait alors de déduire qu'il relevait du farfelu d'organiser un concert à deux, voire à une journée de l'Aïd alors que nul n'ignore que les gens ont d'autres préoccupations telles que la nécessité de faire leurs dernières emplettes, et qui plus est la fête de cette année est concomitante avec la rentrée scolaire. D'autre part, le coût du billet était excessif (1 000 DA) pour un public ciblé, à savoir la jeunesse ; or, avec le chômage endémique connu à la ville des Ponts, il était plus que probable que la majorité des jeunes ne feraient pas le déplacement. Autant dire que, si c'est pour dépenser une telle somme, ces mêmes jeunes le font pour plus utile. L'absence de moyens de transport était l'un des autres facteurs pénalisants. Il se trouve également que la population constantinoise s'est totalement et dans sa majorité désancrer des activités artistiques sous toutes leurs formes. Même les festivals institutionnalisés comme le malouf et les aïssaouas et à un degré moindre le DimaJazz sont portés à bout de bras par les pouvoirs publics et pour cause leur financement. D'où l'impression de popularité, l'ensemble du public étant en général invité ou le prix du billet soutenu.L'autre sujet à risque était et cela a été évoqué le jour même du concert par la Tribune le facteur météorologique que l'organisateur avait semblé soupeser et finalement ne s'en est soucié qu'en dernière minute. Or, les services de la météorologie que nous avions contactés au téléphone ont précisé que, si la nuit de mercredi à jeudi allait connaître des pluies torrentielles, celle de mardi le pouvait également mais ne serait émaillée que d'ondées passagères.Malheureusement, il a commencé à pleuvoir à partir de 20h et les quantités d'eau prenant plus de volume à partir de 21h30. Autrement dit presque à l'heure du début du concert. La pluie tombera effectivement et ne s'arrêtera que par intermittence pour reprendre de plus belle. Certains spectateurs n'attendront pas la fin du concert d'ailleurs et préféreront rentrer chez eux. Le Mouloudia de Constantine avait voulu faire de cet événement un coup médiatique. Il a sans doute réussi tout au long de la préparation de la manifestation en ce sens que toute la ville en a parlé mais en a tout juste parlé. K. Madani, le P-DG, nous avait indiqué que l'investissement consenti allait avoisiner les 12 millions de dinars, dont 6 millions comme seul cachet de la star. La perte est sèche et bel et bien sèche. A titre de consolation, le MOC devrait tirer des enseignements pour l'avenir et ses responsables de se dire qu'organiser un spectacle de ce genre est une affaire de professionnel et, en tant que société sportive par actions, le MOC n'est nullement préparé à un tel challenge. La preuve en a été donnée mardi dernier.Concluons que, même en ouvrant les portes d'entrée au public, le nombre de spectateurs n'a pas atteint les 2 000. Et comparativement aux 25 000 prévus, l'écart n'en devient que plus impressionnant.Reste maintenant à se poser la question du statut de star de Khaled. Bien avant le concert, un abonné aux concerts qui n'hésite pas d'ailleurs à se rendre jusqu'en Europe pour y assister nous avait fait part de son étonnement sur le fait que Khaled n'ait pas demandé à connaître les conditions mises pour sa prestation, la qualité de l'acoustique, etc. «Hors, les grandes vedettes exigent un cahier des charges pour ça avant d'accepter une proposition. Alors le roi du raï serait-il à un tel degré dans la dèche pour se produire sans tenir compte de tous ces paramètres ?»