Avec un total de 8 millions d'euros versés, l'Espagne est le pays qui a le plus dépensé pour libérer ses ressortissants retenus par la branche maghrébine d'El Qaïda (Aqmi), a révélé tout récemment le conseiller de la présidence algérienne, Kamel Rezag Bara. Le fruit de ces transactions entreprises par Madrid a permis la libération de ses trois ressortissants retenus par l'organisation terroriste dans le nord du Mali. Selon les mêmes révélations, l'Italie aurait versé 3,6 millions d'euros pour la libération de deux otages aux mains de l'Aqmi en mai dernier alors que l'Autriche avait monnayé en avril 2009, à hauteur de 3,6 millions d'euros, la liberté de ses deux ressortissants pris en otages. Parce que le procédé est controversé, l'Algérie, par la voix du même représentant qui intervenait à la deuxième revue par l'ONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue du 7 au 9 septembre à New York, a réitéré sa condamnation pour le paiement des rançons. Mieux, du haut de cette tribune, notre pays a plaidé auprès de l'ONU et de ses institutions chargées de la lutte contre le terrorisme pour la criminalisation de cette pratique qui va à contre-courant des efforts de la communauté internationale en vue de mettre hors d'état de nuire la nébuleuse islamiste. Considérant comme contre-productif à plus grande échelle le fait de se plier au chantage d'El Qaïda - puisque c'en est un -, l'Algérie a insisté à nouveau sur la nécessité de tenir tête aux groupes armés par la seule lutte, une lutte sans merci et sans contrepartie. Parce que le paiement des rançons n'a pas fait l'unanimité au sein de l'ensemble des pays occidentaux, Madrid n'a jamais reconnu le versement de rançons pour obtenir la libération des trois volontaires de l'ONG espagnole Accio Solidaria. Si l'Espagne, l'Italie et l'Autriche se sont pliées au diktat des activistes sanguinaires, la France s'est, quant à elle, montrée moins conciliante avec ces derniers, même si cette position a dû coûter la vie à un de ses ressortissants, Michel Germaneau, exécuté en juillet dernier, en dépit de son âge avancé. Après la libération des détenus espagnols, le président français avait exprimé son opinion à ce sujet en précisant que cette option ne saurait constituer «la seule stratégie» contre la branche armée d'El Qaïda. Le Royaume-Uni, dont un ressortissant, Edwin Dyer, a été décapité par l'Aqmi en juin 2009, partage la position française quant au refus de renflouer les caisses d'El Qaïda au moment où la communauté internationale, le monde occidental en particulier, part en croisade contre le terrorisme. Face à la division des rangs et en l'absence d'un front mondial contre cette menace transnationale, il est à craindre que les groupes armés aient encore de beaux jours devant eux et des raisons de poursuivre leur combat. Cela étant, la véritable lutte antiterroriste reste celle qui s'attaque à la genèse du problème, à l'idéologie intégriste, aux différentes formes d'intolérance. M. C.