Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili De prime abord, le nouveau président du conseil d'administration de la SPA Massinissa-Khroub semble incarner la naïveté, voire l'angélisme. A l'invitation à la conférence de presse lancée par M. Hourabi Mahmoud en fin d'après-midi de lundi, l'ensemble des confrères avait pensé d'abord à des révélations sur le changement intervenu à la tête du CA et ensuite à des réponses aux rumeurs qui alimentent la rue. Il y a quelques jours, La Tribune évoquait le flou artistique et à la limite l'ésotérisme dans lequel baignait le club. La chape a toutefois sauté au courant de ces deux derniers jours et les associés ont, enfin, compris qu'il fallait quelque part communiquer avec les médias. Même si la conférence de presse organisée devait surtout contrer l'amplification de la rumeur. Cela d'autant plus qu'un de nos confrères de la presse spécialisée aurait largué une information qui avait eu l'effet d'une «bombe», selon ce qu'estimeront d'autres confrères pris de court sur le «scoop». Ce confrère a tout bonnement fait état des rémunérations perçues par l'ensemble de l'effectif (sans doute une fuite organisée). Des rémunérations où pour le moins l'arbitraire fait rage malgré la mise en place d'un système salarial équitable et pondéré établi par la Ligue nationale de football. Quoi qu'il en soit, au centre de la conférence de presse et pour ne pas dire le seul point pour lequel le président du CA a mobilisé «les gens du quatrième pouvoir», sans désemparer une seule fois à l'asséner, il était question de lui servir de relais auprès de la population khroubie et des pouvoirs publics appelés du pied à l'assister à l'organisation d'une manifestation conviviale (une cérémonie) à laquelle assisteraient tous les anciens présidents du club et auxquels elle rendrait d'ailleurs hommage. L'objectif central étant de parvenir à une réconciliation locale entre les deux présidents qui ont marqué le plus le club au cours de ces dix dernières années et des bisbilles desquels, par clans interposés, l'ASK subirait les dommages collatéraux. Il s'agit évidemment de MM. Milia et Khattabi, deux anciens patrons de l'association qui seraient, selon les informations qui alimentent le quotidien des supporters, responsables des turbulences qui laminent le club et «attentent» à l'activité interne et externe des membres du conseil d'administration. Plus naïf donc que le nouveau président du CA, il ne s'en trouve pas, dans la mesure où il venait spontanément confirmer qu'à quelques jours du début de la saison, le club n'était pas prêt à la démarrer dans des conditions normales, miné par une guéguerre générale qui restait néanmoins virtuelle sachant que ni l'un ni l'autre parmi les deux antagonistes évoqués ne pouvait être directement, physiquement et/ou matériellement confondu. Il est vrai que Milia ou Khattabi ont leurs «hommes» aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de l'environnement direct du club mais l'ASK dispose aussi d'un conseil d'administration et ses membres dont certains ont tout fait pour en faire partie. Il appartient à eux et rien qu'à eux seuls d'expliquer le quasi-échec annoncé et surtout les trois mois de surplace qui a caractérisé leur gestion depuis le changement de statut de l'association. Absence de fonds, exception faite de la première mise des associés (moins de 7 MDA), disponibilité des structures mais toutes amputées et à la limite incompatibles avec les directives de la fédération pour l'homologation d'une équipe professionnelle. Même si des délais ont été accordés au club pour réaliser une nouvelle tribune, réaménager les gradins pour parvenir à une contenance de 10 000 supporters, la nécessité de disposer de projecteurs pour les matches nocturnes. Par ailleurs, il est reproché au maire de ne pas s'intéresser au club, autrement dit de ne pas l'aider logistiquement. Or, l'ASK est professionnel et il lui appartient de générer ses propres ressources. En plus clair de se prendre en charge, sinon à quoi cela rimerait que l'Etat ait mis en place le professionnalisme. Ces derniers temps, le président du club (amateur) a été descendu en flammes à travers un complot savamment ourdi parce que, en tant que tel, l'APC a accordé une subvention d'un milliard à l'association dont il a la responsabilité. Un milliard que les dirigeants du club professionnel auraient voulu voir plutôt, on ne saura jamais en vertu de quoi, atterrir dans les caisses de celui qu'ils ont pris en main. La conférence aura quand même permis, au-delà du burlesque appel à la raison des deux anciens présidents, l'annonce de la mise en circulation au cours de la semaine de 10 000 actions au coût de 1 000 DA l'unité. Reste maintenant à savoir si les gens vont se bousculer pour en acquérir. Il n'en demeure pas moins paradoxal que l'ASK qui, tout au long de cette dernière décennie, a été le parfait exemple de la solidarité, de l'union, l'abnégation en soit arrivée à être atomisée alors qu'aujourd'hui tous les textes permettant sa protection, la préservation et l'affirmation de son identité et surtout l'opportunité de passer à la postérité, prennent eau. Il se trouve en tous les cas avec ce qu'il y a comme indicateurs qu'elle s'achemine vers l'implosion pure et simple. Nous avons souligné, il y a quelques jours, que sa stabilité ne dépassera pas le deuxième match de la saison. Nous le confirmons. Avec le souhait profond que nous nous trompons sur toute la ligne. Notons enfin que l'ancien président du CA se serait retiré pour des raisons de santé et qu'«il est toujours membre du conseil d'administration», conclura son remplaçant.