L'état de santé des 55 enseignants en grève de la faim depuis le 14 juillet dernier pour revendiquer leur titularisation et la régularisation des salaires impayés ne cesse de se dégrader jusqu'à atteindre la phase de l'insoutenable. Dans un communiqué rendu public, le Comité national des enseignants contractuels exprime son inquiétude quant à la détérioration de l'état de santé des grévistes et affirme leur détermination à poursuivre leur revendication. Les deux parties en conflit ne s'attendaient certainement pas à un tel pourrissement. Pourtant, le secteur de l'éducation n'en est pas au premier mouvement de contestation de la part des enseignants. A la différence des précédents, celui-ci, déclenché, une fois n'est pas coutume, en pleine période de vacances scolaires, se distingue par l'absence d'intention de dialogue chez la tutelle. Le ministre de l'Education nationale, obnubilé par l'euphorie des résultats «satisfaisants» réalisés au terme de l'année scolaire 2007/2008, refuse de se pencher sur les revendications émises par les enseignants contractuels, au nombre de 45 000. La responsabilité du département de Benbouzid est entièrement engagée dans la mesure où il n'a pas donné le moindre signe de disponibilité pour enclencher un dialogue responsable. Il avait pourtant tout à gagner en écoutant des enseignants qui, au-delà de leur quête légitime d'un statut social, proposent plutôt des solutions à une école algérienne qui vit un déficit en matière d'enseignants dans les trois paliers. En évacuant la forme de la problématique, les deux parties pouvaient parvenir à un compromis, évitant ainsi une situation de pourrissement dont les répercussions seront visibles au mois de septembre prochain. Le ministère de l'Education avait la possibilité d'organiser un concours pour la titularisation des enseignants ayant exercé dans le secteur sans faire du diplôme ou de la formation suivie un facteur d'élimination. Cela aurait permis aux revendicateurs de passer des vacances paisibles et à la tutelle de préparer sereinement la prochaine rentrée et de marquer des points au sein même des syndicalistes. Admettons néanmoins qu'espérer une attitude réfléchie à ce niveau, c'est faire preuve d'une méconnaissance des mœurs régissant un secteur de l'éducation qui n'en finit pas de produire échecs et dérives au nom d'une virtuelle réforme. Le traitement réservé par Benbouzid au mouvement contestataire des enseignants contractuels est d'autant irresponsable qu'il y a risque de mort d'homme. En optant pour une grève de la faim, l'ultime moyen dont ils pensent disposer, les enseignants contractuels se retrouvent à présent dans une situation d'urgence qui exige une réaction de la part des pouvoirs publics. Personne n'a le droit de fermer les yeux sur un mouvement de grève qui risque de dégénérer. Le ministre de l'Education n'a plus de temps à perdre : les enseignants grévistes de la faim sont au seuil de la mort. A. Y.