De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Tout le monde n'a rien compris, le président de l'APC joue en solo pour des activités qui engagent l'institution. Dans la foulée, il empiète sur les attributions des cadres.» C'est le chargé de la communication à hauteur de l'APC de Constantine qui nous répond au téléphone suite à deux correspondances (29 août et rappel le 7 septembre) adressées au maire au sujet de la piscine de Sidi M'cid. Soulignons que le premier édile qui n'a pas répondu à notre premier écrit a orienté le deuxième (rappel) sur M. Benabdoune, vice-président chargé du patrimoine, lequel, à son tour, l'a renvoyé sur le responsable de la communication en spécifiant qu'il «n'avait pas de réponse à donner à des situations qui lui échappent parce que résultant de décisions unilatérales prises par le maire sans concertation avec ses collaborateurs». C'est très courtoisement d'ailleurs qu'au préalable le vice-président évoqué nous avait annoncé au téléphone que le courrier se trouvait entre les mains du responsable de la cellule de communication.En fait, l'agacement du chargé de la communication est aussi celui du reste des élus et cadres de l'exécutif à chaque fois mis devant le fait accompli par les mesures unilatérales qu'il prenait alors qu'elles engageaient l'ensemble des cadres élus ou exécutifs. «Rien que pour plaire au wali», n'hésitera pas à affirmer l'un des cadres de l'APC. Plaire au wali, ne voilà-t-il pas une attitude paradoxale pour un élu qui, logiquement, n'est comptable que devant ses électeurs.Nous avions entamé nos investigations autour d'une piscine qui, à défaut de ne plus disposer d'eau depuis plus d'une quinzaine d'années, n'arrête pas de faire couler de l'encre. D'ailleurs, c'est assez simple, toute la ville en parle. Les Constantinois, à chaque fois que le feuilleton vaudevillesque est d'actualité, font des gorges chaudes autour d'un espace convivial, partie incontestablement de leur mémoire.Un espace aussi qui, depuis ces quinze dernières années, a vécu des violences et graves atteintes. En somme, l'incurie. Tour à tour donnée en concession, et dans des conditions administratives bizarres dans la mesure de l'absence entre 1990 et 2000 de l'Etat de droit, à des exploitants à la moralité, de notoriété publique, douteuse et réintégrée par la suite dans le giron public… pour des raisons sécuritaires en ce sens que les lieux serviront à abriter une unité de la garde communale, la piscine de Sidi M'cid, une fois la sérénité de retour, retombe dans la gestion hasardeuse du privé qui se soldera par une suspension d'activité et un énième retour à la gestion privée au cours de l'année 2008 où, à quelques semaines de la validation de la concession, nous saurons auprès du vice-président chargé du dossier qu'«une convention en béton et qui n'est que tout avantage pour la ville lie le nouveau gestionnaire à l'administration communale». Ce ne sera pas le cas. Forcément grâce à la complicité passive des services communaux, le nouvel exploitant s'en donnera à cœur joie, faisant d'un lieu convivial un véritable antre de la licence et du stupre. Argument majeur au cours de l'année 2010, une descente de police permettra de mettre au jour un réseau embryonnaire de prostitution, la vente sans autorisation de boissons alcoolisées. Une mesure de suspension des activités est rapidement prononcée. Or, ce que le service du patrimoine de l'APC semble ignorer, c'est qu'en réalité la piscine de Sidi M'cid est, en fait, passée des mains du gérant contractuel à une autre personne, un sous-traitant qui nous dira lors d'un entretien qu'il est plutôt «associé… sinon le seul et vrai gérant dans la mesure où c'est moi qui ait investi depuis sa réouverture. J'ai tout hypothéqué dans ce projet, à telle enseigne que je m'en suis retrouvé ruiné… j'ai vendu mon véhicule et ma maison… Aujourd'hui, mes effets personnels et ceux de ma famille sont dans les locaux. Tout cela à cause de cette carambouille». Que va-t-il advenir du dossier et quelles sont les réponses parmi les plus plausibles à donner à l'opinion publique ? Pour le responsable de la communication de l'APC, «il est clair que les lieux vont être remis en adjudication. Il est tout aussi clair que son gérant est disqualifié de fait et va d'ailleurs être esté en justice par l'institution pour faux et usage de faux». La raison ? «La remise d'un faux casier judiciaire alors qu'il a été établi par la suite qu'il [le concessionnaire] avait des antécédents judiciaires». Quid alors de la direction du Mouloudia de Constantine qui affirme que le maire lui a «cédé la piscine de Sidi M'cid dans le cadre de son statut de club professionnel» (dixit K. Madani, le P-DG de la SPA). La réponse, on ne peut plus succincte, nous est encore une fois fournie par le porte-parole de l'APC : «Le MOC devra aller aux enchères comme quiconque parmi les soumissionnaires. Il n'y a pas d'attribution directe, cette manière de procéder a vécu et la réglementation dispose très nettement sur la question.»Grande cacophonie et terribles enjeux donc autour de la piscine de Sidi M'cid qui n'a pas encore fonctionné cette année. En réalité, il est peu probable que l'investissement que réaliserait un preneur puisse être rentable. Si les précédents propriétaires des lieux ont recouru à chaque fois à des artifices interlopes c'est a fortiori parce qu'il relève de la gageure de pouvoir réaliser des bénéfices rien qu'en accueillant des baigneurs. A moins qu'elle ne revienne dans le giron de la commune, ce qui serait la solution d'abord et viendrait rappeler que sa réalisation il y a près d'une centaine d'années l'a été dans ce sens : un lieu d'utilité publique. Autrement dit, où ne raisonnerait pas uniquement l'idée d'argent et de gain.