Depuis le temps que la question a été évoquée, heureux que le projet de loi portant code communal ait été approuvé en Conseil des ministres. Il a, au cours de ces dernières années, fait l'objet de grandes manœuvres engagées par des élus de tous bords politiques, lesquels, à tort ou à raison, décelaient en celui en vigueur une authentique caducité. Il faut quand même rappeler qu'il n'est pas aussi âgé dans la mesure où il date de vingt années seulement. Ce serait plutôt le dilettantisme des élus s'y succédant qui en ont miné la réputation. Il semblerait, toutefois, que le travail au corps d'élus, parmi les plus enthousiastes à une nouvelle mouture de la loi 08-90, n'ait pas obtenu le résultat escompté dans la mesure où le projet, dorénavant entériné, viendrait restreindre leur marge de manœuvre, sinon ne leur conférerait pas plus de liberté d'action à laquelle ils aspiraient.Et déjà, quelques voix s'élèvent pour évoquer la restriction de prérogatives dévolues à des représentants du peuple par le peuple comme si depuis vingt ans, ceux (élus) qui ont défilé dans les 1 541 communes étaient des acharnés du service public et de l'Etat. En guise de réponse, l'argument en béton serait alors d'expliquer ici et maintenant les raisons pour lesquelles aucune commune n'a été épargnée jusque-là par une grogne populaire, quelle que soit son importance, sinon que par sa gestion au hasard, du mépris accordé en retour à un électorat. Un électorat bien loin d'être aussi décisif que le lui impute une réputation préfabriquée au choix d'un maire intronisé au gré de négociations et connivences en tous genres.L'avènement au commencement de l'année 1989 d'une démocratie «réelle» a, dans les faits, mis le pouvoir dans l'obligation de jouer le jeu et laisser s'exercer la conduite des affaires d'une institution élue dans le strict respect de ce qui est écrit sur son fronton «Par le peuple et pour le peuple». Si, depuis l'indépendance du pays, les institutions élues ont de tout temps fonctionné sous l'œil de l'administration si ce n'est l'administration elle-même qui menait tambour battant leur gestion par élus interposés, à partir de 1990, la nouvelle loi portant code communal redistribuait les cartes, laissant le libre choix aux citoyens de désigner ceux qu'ils considéraient comme qualifiés pour prendre en charge leurs préoccupations et gérer leurs intérêts. Leurs attentes ne seront pas payées de retour, minées par des luttes intestines entre représentants de formations politiques ; les tiraillements divers lézardaient la commune, ce qui restait d'une administration en rupture avec la gestion habituelle et surtout ordonnée s'effritait encore plus, diluant avec elle une organisation jusque-là harmonieuse et installant de nouveaux comportements tant chez les élus que chez les cadres de l'Exécutif. Un exécutif dans son ensemble renouvelé et sans réelles accointances avec une administration de la fonction publique, considéré jusque-là comme l'orgueil de l'Etat en raison des sacrifices consentis pour la mise en place de toutes ses institutions.Il est clair que dans sa version actuelle, la commune a un sérieux besoin d'être dépoussiérée et les attributions de ses élus cernées. Non plus pour répondre à des programmes politiques partisans, mais à la vision d'un Etat fort, stable et serein. Et c'est pour cela que la commune en tant que premier noyau d'une organisation administrative et sa population, en tant qu'image réduite de tout un peuple, ont droit à plus de considération. A. L.