De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La filière avicole est-elle vraiment en difficulté dans l'ouest du pays ? C'est, en tout cas, ce qu'affirment des représentants de la corporation qui mettent en avant des difficultés survenues dans l'élevage ovin, dans les mois précédents de l'année en cours. Selon les responsables de l'Organisation des professionnels de l'aviculture, «l'élevage avicole a subi des pertes considérables, à la suite de maladies et autres conditions atmosphériques difficiles», note un représentant des aviculteurs de l'ouest du pays. Cette situation est due, selon les mêmes sources, aux maladies diverses qui avaient terrassé les élevages avicoles au cours des mois écoulés. Du coup, on craint une nouvelle hausse des prix des viandes blanches au cours des prochains mois, voire au cours des prochaines semaines, nous dit-on. Si cela venait à se confirmer, les ménages subiront une nouvelle saignée, alors que les effets dévastateurs de la rentrée sociale n'ont pas été dissipés. Cela intervient au moment où le gouvernement semble engager des mécanismes et des procédures nouveaux en vue de soutenir et de moderniser le secteur avicole. Les mesures de soutien visent, en fait, l'activité de l'élevage qui constitue l'axe majeur dans le secteur, puisqu'elle fournit, à la fois, les viandes de consommation et les œufs à couver ou destinés à la consommation. Des dispositifs destinés à recouvrer l'autosuffisance dans la production animale et des viandes blanches, notamment. Cela pour mettre fin aux épisodes fâcheux des flambées récurrentes dans les prix des viandes blanches qui mettent à rude épreuve les consommateurs, et au recours intempestif aux importations à coups de devises fortes. En plus des mesures de soutien de la filière avicole décidées par le gouvernement, on notera la mise en place d'un plan de formation national au profit des éleveurs de bétail et autres doté d'une enveloppe financière de 24 milliards de dinars. Le plan consiste à apporter une mise à jour et une réhabilitation des différentes filières de l'élevage sur la base des techniques et technologies nouvelles dans l'élevage à travers le monde. Les filières sont, cependant, appelées à s'organiser en clubs afin de bénéficier de ces programmes de mise à niveau ou de mise à jour. Il faut dire que l'activité de l'élevage occupe plus de 40% de clandestins qui évoluent en marge du secteur. Pour rappel, la production annuelle nationale de viandes blanches est évaluée à plus de 400 000 tonnes, dont 11 000 tonnes pour la seule wilaya d'Oran, note-t-on. La production d'œufs avoisine, quant à elle, les 5 milliards de pièces par an. Malgré tout ce potentiel productif, le secteur reste en proie au spectre des fluctuations des marchés internationaux, où il s'approvisionne constamment. Selon les chiffres fournis par les représentants du secteur, les importations de la filière avicole totalisent une moyenne annuelle de 6 millions de poulets de chair et presque autant d'œufs à couver. L'importation des œufs à couver obéit, de l'avis des aviculteurs, au souci de la qualité des éclosions. L'idée répandue au sein d'une grande majorité d'aviculteurs algériens étant que le taux d'éclosion de l'œuf à couver local est inférieur à 60%. Ce qui n'est pas le cas de l'œuf à couver espagnol et même de celui tunisien qui transite via l'Europe, faut-il le noter. «La Tunisie avec des moyens de base a su édifier une véritable industrie avicole. L'intervention de l'Etat en faveur de la stabilité de la filière a fini par porter ses fruits. Aujourd'hui, la pays de Bourguiba peut se targuer d'être à l'avant-garde de la filière à l'échelle du Maghreb, de l'Afrique et peut-être même à l'échelle du monde arabe», nous confiait il y a quelque temps, M. Taha, un grand importateur et investisseur avicole installé dans l'ouest du pays. Aujourd'hui, le secteur compte des milliers d'aviculteurs parsemant le territoire national avec des ambitions et des objectifs clairement affichés. La filière avicole a opéré des transformations importantes au niveau de la production du poulet de chair et de l'œuf à consommer au cours des dernières années. Ces transformations se sont illustrées par la disparition des petits éleveurs et l'émergence de grandes filières de production spécialisées et plus performantes. «J'ai tout fait pour me maintenir dans le secteur, mais je n'ai pas réussi face aux groupements et grandes usines qui activaient dans le territoire de la région. Certains groupements allaient jusqu'à offrir l'œuf à couver à des prix concurrentiels et avec beaucoup de facilités aux éleveurs. Ce qui m'était impossible, vu que je ne disposais pas de fonds consistants pour différer le paiement des éclosions pour les éleveurs», notera M. M'hamed président de la défunte coopérative El Moustaqbel qui activait entre la wilaya de Tiaret et celle de Relizane.