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Les oléiculteurs de Sig attendent toujours une mise à niveau de leur secteur Conserveries et huileries accusent d'immenses lacunes et difficultés dans la production
Photo : Mohamed Ouanezar De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La corporation des oléiculteurs de la plaine de Sig sont dans l'expectative totale. Les promesses non tenues du gouvernement ainsi que les contraintes multiples qui assaillent le secteur de toute part pourraient avoir raison de l'activité dans différentes wilayas du pays. L'exemple de la plaine de Sig qui compte parmi les meilleures zones de production d'olives et d'huile d'olive dans le pays, renseigne sur la situation générale qui prévaut dans le secteur. Cette année, la plupart des conserveries se retrouvent avec des excédents de production de l'année dernière, alors que celle de cette année est en cours et risque d'encombrer les hangars et les aires de stockage et de conditionnement. Et pourtant, le produit proposé au marché est touché par la pénurie et se vend à des prix exorbitants au consommateur. Une telle situation renseigne sur les dysfonctionnements importants qui caractérisent le secteur en proie à une spéculation féroce et sans scrupules. Un vrai paradoxe, si l'on en croit les affirmations du premier représentant de la corporation des oléiculteurs soumise à une situation intenable. Selon le président de l'association des oléiculteurs, M. Ali El Aaggag que nous avons rencontré dans son usine à Sig, «la situation de la corporation n'est pas très reluisante». Nous avons beaucoup de contraintes et de difficultés… Nous espérons que le gouvernement prendra en charge nos doléances», notera notre interlocuteur. Première contrainte majeure pour les oléiculteurs, la TVA qui reste très onéreuse pour les producteurs d'olives de table. «17% de TVA, c'est très cher pour nous qui continuons à fonctionner avec des moyens rudimentaires et très archaïques», ajoutera-t-il. Cela contrairement aux huileries qui avaient bénéficié d'un rabattement de la TVA à7%. «Les huileries peuvent respirer avec une telle mesure, ce qui n'est pas le cas des conserveries. Nous attendons toujours que le gouvernement prenne ses responsabilités à ce sujet. Il était question de l'intégrer dans la loi de finances 2011. Mais il semblerait que rien n'ait été fait jusqu'à maintenant. Moi-même, j'ai discuté avec M. Karim Djoudi à ce sujet et il nous a promis d'étudier la question. Mais nous attendons toujours», déclarer notre interlocuteur. L'autre contrainte qui handicape le secteur est inhérente au vieillissement du matériel et des équipements de production. Cela sans compter les vieux procédés de production qui ont besoin d'un bon coup de jeunesse. «On ne peut pas développer une véritable industrie de l'olive dans le pays si l'Etat ne consent pas des investissements, des mesures d'encouragement et des aides substantielles aux producteurs. Il ne fait pas oublier que le secteur de l'oléiculture est générateur également de postes d'emploi permanents et provisoires à l'échelle de l'année», nous explique M. El Aaggag. A ce titre, le président de l'Association des oléiculteurs revient sur les promesses de mise à niveau que le gouvernement avait formulées, mais qui n'ont jamais été mises en application», dira-t-il. Selon les producteurs que nous avons pu joindre, il existe un besoin impératif de rajeunir les équipements et moderniser les usines. «C'est un matériel qui coûte très cher. Nous ne pouvons pas amortir ces investissements, si l'Etat ne nous vient pas en aide. Ils nous ont promis cette fameuse mise à niveau, mais après plus rien», dénonce un responsable d'une huilerie. A cela s'ajoutent d'autres problèmes liés à la sécurité des productions qui subissent des razzias organisées de la part de certains barons. «La qualité du produit dépend de la période de la collecte. Si l'olive n'est pas encore prête, elle ne doit pas être cueillie tôt», affirme un autre producteur. Selon nos sources, la campagne de cueillette a déjà commencé pour cette année, mais l'olive n'est pas encore prête pour le moment, nous informe-t-on sur les lieux. «L'olive n'a pas profité d'une bonne pluviométrie cette année. Elle n'est pas gorgée de lait et sa texture est encore légère. Du coup, elle accuse un certain retard qu'il faudra prendre en charge, sinon…» dira M. El Aaggag. Réputée pour être une variété d'olive de grande saveur, avec un petit noyau, la sigoise a besoin d'un rajeunissement des cultures et d'un plan de préservation digne de ce nom. «La sigoise, vous pouvez la trouver un peu partout. Mais pas la terre et le microclimat de la plaine de Sig. Voilà le secret de la sigoise», nous confiera notre interlocuteur. La corporation des oléiculteurs déplore également les concurrences déloyales et les pratiques paradoxales qui mettent en péril la filière de l'olive. «On ne comprend pas ces importations clandestines d'olives via le Maroc rapportées par la presse. L'Etat également n'a pas mis de barrières dans l'importation des olives d'Egypte et d'ailleurs, alors que le secteur croule sous la surproduction», s'insurge-t-on encore. En tout état de cause, la corporation continue d'assurer un métier millénaire que la région a su préserver, contre vents et marées, en attendant mieux.