C'est vers le début de l'après-midi de mardi dernier, après l'évolution du bouche-à-oreille de façon exponentielle, la visite de sites Internet et les informations données en boucle par les chaînes de télévision étrangères que les citoyens de Tizi Ouzou ont appris la nouvelle tragique de l'attentat terroriste qui a ciblé l'école de la Gendarmerie nationale dans la localité des Issers, wilaya de Boumerdès, faisant pas moins de 43 morts parmi les jeunes venus s'inscrire à cette école. Mais la tension était perceptible dès la matinée chez les premiers informés qui n'avaient pas l'information exacte et qui étaient tourmentés par la présence sur les lieux annoncée d'un bus de transport de voyageurs en provenance d'Oran vers Tizi Ouzou. Il fallait être sûr qu'on n'avait pas de proches dans le bus et les premières informations n'annonçaient rien de bon. Les jeunes postulant au concours de recrutement à la gendarmerie et les occupants d'un bus assurant la nouvelle ligne Tizi Ouzou–Oran étaient les plus touchés, selon les premières «rumeurs». Les gens parlaient déjà de carnage mais ne savaient pas de quelle ampleur et restaient, de ce fait, angoissés de ne pas connaître les détails de cet attentat meurtrier. C'est que le dernier attentat qui a secoué récemment le centre-ville de Tizi Ouzou est toujours dans les esprits ainsi que ceux qui l'ont suivi du côté de Zemmouri, Tigzirt, Jijel et Skikda. Beaucoup d'interrogations entourent cette recrudescence «subite et persistante» des actes terroristes, dans les esprits des citoyens qui s'interrogent également sur la «nouveauté» qui fait que les civils sont de plus en plus visés, comme pendant la décennie quatre-vingt-dix. Cela fait peur à Tizi Ouzou et le mois de Ramadhan qui approche à grands pas ne rassure pas vraiment. Toutes les discussions qui ont suivi l'attentat sanglant des Issers ont évoqué la peur, et parfois la certitude de voir le mois de Ramadhan vivre une série d'attaques meurtrières. L'attentat suicide qui a visé le 3 août dernier le siège des renseignements généraux en plein cœur de la ville de Tizi Ouzou conforte cette angoisse. Le bilan, 25 blessés, en majorité des civils riverains du siège de police ciblé, aurait pu être plus lourd si le célibatorium de la police n'avait pas été évacué trois jours avant l'attentat ou si l'attaque avait été menée plus tard durant la journée. C'est ce genre d'hypothèses qui fait frissonner les citoyens qui ne peuvent s'empêcher de se poser toutes sortes de questions qui élargissent cette boule d'angoisse serrant leur ventre. En somme, l'appréhension est notable chez les citoyens de Tizi Ouzou quant à une probable dégradation de la situation sécuritaire. Mais ce sentiment est vivement accompagné de la consternation et de la condamnation sans équivoque de l'acte terroriste auquel de nombreux qualificatifs ont été associés. Et les deux attentats hier à Bouira ne sont pas fait pour tranquilliser les populations. D'autant plus qu'ils sont conscients qu'il n'est pas facile d'empêcher un attentat suicide, sauf si on repère et on neutralise le terroriste avant qu'il n'ait déclenché l'explosion. Ce qui ramène le débat à la nécessité de redoubler de vigilance.