Le Conseil national économique et social (CNES) vient de restituer les résultats des travaux menés par les deux comités ad hoc sur les stratégies de santé publique et sur les grandes lignes de la nouvelle dynamique démographique en Algérie. Concernant ce dernier thème, l'analyse évaluative et anticipative fait montre, actuellement, d'une meilleure maîtrise de la démographie après l'une des fécondités les plus élevées du monde, de l'indépendance au milieu des années 80.Ainsi, en l'espace de trente-deux ans, de 1970 à 2002, «l'Algérie est passée d'un régime à fécondité naturelle [plus de 8 enfants par femme] à un régime de fécondité contrôlée [2,2 enfants par femme]», note le document du CNES.Le retour à la baisse des naissances, même s'il s'est effectué tardivement, a été extrêmement rapide, notamment durant la dernière décennie «où le taux de fécondité totale a été divisé par deux en l'espace de dix ans, passant de 4,4 enfants par femme en 1992 à 2,2 enfants par femme en 2002», relève encore le document du CNES adressé à notre rédaction. Ce dernier fait savoir que cette fécondité «est alimentée par la conjonction d'une croissance rapide de la population féminine en âge de procréer au point d'atteindre son apogée, passant ainsi de 2,5 millions en 1966 à 10,3 millions en 2010». Elle l'est aussi par le pic historique de la nuptialité qui a atteint 341 000 mariages portés à l'état civil en 2009, et 998 000 mariages cumulés de 2007 à 2009, contre seulement 479 000 de 1997 à 1999. La résultante est que le nombre de naissances en déclin durant la période allant de 1985 à 2000, passant de 864 000 à 589 000, a repris son ascension pour atteindre 849 000 en 2009. La baisse de la natalité est liée au fait que les femmes, de 1966 à 2008, «ont retardé en moyenne leur première union de plus de onze ans, portant ainsi l'âge moyen au premier mariage à 29,3 ans». Des variations sont à retenir selon les régions et le niveau d'éducation. Les femmes qui ont un niveau d'études se marient, en moyenne, 3,5 ans plus tard que les analphabètes. Cette baisse est aussi due à la contraception adoptée suite au programme national de maîtrise de la croissance démographique en 1983. Au final, le rapport du CNES a établi que la reprise de la natalité est le fruit d'abord de «l'amélioration sensible des conditions de vie, de la sécurité globale retrouvée, de l'amélioration des conditions de logement et de l'emploi et de l'arrêt du recul de l'âge au mariage». Seulement, «même si les Algériennes sont de plus en plus nombreuses à se marier et à enfanter à tous les âges, elles font cependant de moins en moins d'enfants».Il est nécessaire de souligner que l'exercice de simulation chiffré de 2009 à 2015 et ses implications sur la demande sociale est en cours d'approfondissement et se poursuivra au sein du collège d'experts qui prend en charge cette opération. B. A.