De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Les cités construites durant la période coloniale et les premières années de l'indépendance dans les centres urbains de la wilaya de Bouira sont dans un état de dégradation avancé. Les habitations menacent de s'écrouler sur leurs occupants qui sont des familles nombreuses vivant dans des conditions lamentables. En même temps, le centre-ville de Bouira, qui a connu une extension tentaculaire, apparaît, aujourd'hui, en totale «désharmonie» avec les constructions périphériques. Les nouvelles constructions «enlaidissent» le visage de la ville, comme en témoignent ces «favelas» d'un autre âge, dépourvues des commodités les plus élémentaires de vie, s'indignent des Bouiris. Après des années, il subsiste encore plusieurs habitations qui sont classées dans le registre de l'ancien bâti, et les autorités locales hésitent encore sur la conduite à tenir : faut-il prendre la décision de les démolir et de tout raser ou serait-il plus indiqué de les entretenir compte tenu du fait qu'elles représentent une partie du patrimoine architectural de la ville qui témoigne, notamment, de la période coloniale. Pour les responsables locaux, la réfection des habitations et des logements est du ressort des habitants. Mais ces derniers n'ont pas la même perception des choses. Dès lors, c'est la longue attente de part et d'autre. Les habitants attendent d'être relogés dans une nouvelle cité alors que les autorités, en respect de la loi, s'interdisent d'intervenir sur ces propriétés privées. Cette situation a soulevé, ces dernières années, une vraie polémique entre les collectivités locales et les autorités de la wilaya, d'une part et, d'autre part, les locataires et les propriétaires qui, tout en voulant améliorer leur cadre de vie, cherchent à être indemnisés avant de procéder à la démolition. Ils entendent tout simplement obtenir l'aide des pouvoirs publics qui se sont tracé comme objectif de mettre fin aux habitations précaires et autres bidonvilles qui enlaidissent l'environnement et le tissu urbain, compte tenu du fait que ces habitations sont presque à l'état de ruine et constituent un danger pour la vie de leurs occupants. En effet, la rénovation de la vieille ville de Bouira, où des taudis menaçant ruine côtoient les nouvelles constructions, est depuis quelque temps au centre des débats entre autorités locales, responsables en charge de l'urbanisme et société civile dans cette wilaya. Par ailleurs, l'OPGI de Bouira a organisé par le passé plusieurs rencontres sur la gestion des parties communes des immeubles d'habitations, mais les décisions qui y ont été prises en sont restées au stade de la formulation. Selon un dernier rapport établi en 2009 par les autorités locales, près de 320 familles de la ville de Bouira habitent sous des toits menacés par la détérioration. «Le problème tarde à être pris en charge», admettent les responsables de la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya, «très peu d'intérêt» a été accordé à ce dossier par les citoyens qui y résident, ceci en dépit des garanties données par les pouvoirs publics, notamment dans son volet relatif à l'amélioration du cadre de vie des citoyens. Les urbanistes et paysagistes prônent la restructuration et l'aménagement partiel de cette zone d'habitations, avec la contribution conjointe des habitants des haouchs et des propriétaires des locaux commerciaux à travers un montage financier tenant compte des droits et devoirs de l'ensemble des partenaires. De son côté, la wilaya, qui s'est penchée sérieusement sur cet aspect depuis 2008, est confrontée à la résistance du propriétaire des terrains sur lesquels les habitations ont été construites. Pour une partie d'entre eux, les parcelles sont dans l'indivision, d'autres craignent d'avoir affaire à leurs locataires et exigent que autorités les prennent en charge ces derniers à travers les différentes opérations de relogement.