Photo : Riad Par Samir Azzoug «Il est enregistré plus de 35 000 travailleurs non déclarés annuellement dans les secteurs du BTPH», a déclaré hier, à l'APS, Mourad Zemali, directeur général de la Caisse nationale des congés payés et du chômage-intempéries (CACOBATPH). Lors de visites inopinées effectuées sur le terrain, les agents de la caisse arrivent à prendre en flagrant délit les entreprises fauteuses. «Informer et sensibiliser les usagers, effectuer des visites sur sites (chantiers) et des contrôles sur documents à l'effet de vérifier la véracité des déclarations des entreprises sont des tâches essentielles de ces contrôleurs spécialisées», a-t-il expliqué. Selon lui, 9 500 entreprises ont été contrôlées à travers 3 739 chantiers à la date du 30 septembre 2010. Dans une activité comme le bâtiment où le facteur accidents est important, un tel nombre de travailleurs informels est plus qu'inquiétant d'autant que ces statistiques ne sont certainement que le volet apparent du phénomène. Le bâtiment, les travaux publics et l'hydraulique sont des secteurs en pleine expansion en Algérie, boostés par les différents programmes gouvernementaux visant à renforcer les infrastructures de base. En termes d'emplois, le bâtiment est le second plus important pourvoyeur (18,1%) après les services (39,6%). Il est contrôlé à hauteur de 94,7% par le privé et les sociétés mixtes (statistiques de l'ONS pour 2009). Selon les dernières statistiques sur le «travail au noir» révélées par l'Inspection du travail en juin 2010, faisant état de 14% de travailleurs non déclarés, tous secteurs confondus, en 2009 - ce qui représente près de 1,5 million de personnes (population active plus 10 millions de personnes) -, ils seraient, de façon simpliste, plus de 250 000 dans le secteur du BTP. Enorme. Ça l'est encore plus en prenant en compte les déclarations de M. Zemali, faisant état de 1 010 172 travailleurs dans le secteur du BTPH affiliés à la CACOBATPH au niveau de 69 500 entreprises. Cela sous-entend que près de 800 000 personnes n'ont pas droit à la protection sociale. En Algérie, quelque 85 000 accidents du travail et maladies professionnelles sont enregistrés annuellement. 80% de ces accidents ont lieu sur les chantiers du BTP. La CACOBATPH, placée sous la tutelle du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, a pour mission d'assurer les prestations de congés payés aux travailleurs salariés du BTPH. «L'entreprise cotise durant l'année à la caisse pour le travailleur salarié déclaré, le cumul de ces cotisations permettant à ce travailleur de bénéficier d'un congé calculé sur la durée du travail que le salarié a assuré», a expliqué M. Zemali. L'indemnisation chômage-intempéries suite aux arrêts de travail liés aux conditions climatiques qui se traduisent par le chômage forcé et momentané des travailleurs a touché 40 696 salariés à la date du 30 septembre dernier. Il s'agit d'une couverture qui englobe la santé du travailleur ainsi que l'assurance d'un revenu minimum en cas de chômage pour cause d'intempéries.C'est pour toutes ces raisons que le manque en main-d'œuvre qualifiée sur le terrain du BTPH est criant, alors que le programme quinquennal 2010-2014 prévoit de poursuivre la mise à niveau des infrastructures de base, ce qui accélérera davantage la croissance du secteur. En effet, en plus des rémunérations sans cesse décriées par les travailleurs, la non-déclaration à la Sécurité sociale représente un autre handicap qui fait fuir cette main-d'œuvre, préférant activer en tant que journalier pour des particuliers que de participer à la réalisation des grands chantiers pris en main par des entrepreneurs qui ne reculent devant rien pour renflouer leurs caisses.