Même si, officiellement, l'écoulement des faux billets sur la place financière publique n'a guère inquiété les différents responsables des banques nationales et privées, le niveau de vigilance, au sein de ces institutions, va crescendo. Les banques et établissements financiers activant sur le marché financier national travaillent à mettre fin à ce qui s'apparente à une tentative de déstabilisation de notre économie (plusieurs millions d'euros contrefaits seraient écoulés, des milliers de faux billets de 200 DA, 1 000 DA ainsi que des fausses pièces de 100 DA circulent au niveau des places publiques). Si les différents services de sécurité s'emploient (en vertu des lois en vigueur) à mettre sous les verrous toutes les parties faussaires concernées dans cette opération, les banques algériennes, tous établissements confondus, ont mis en œuvre les moyens matériels, financiers et humains afin de détecter, à temps, ces différentes fausses monnaies dont le préjudice qui risque d'être porté à notre économie est incommensurable (inflation, inquiétudes chez les clients…). La particularité de cette toute dernière affaire de faux billets, écoulés en Algérie par des bandes mafieuses installées particulièrement en Europe, avec l'aide, évidemment, de leurs acolytes algériens, est que lesdits billets sont quasi parfaits, indétectables aux UV des compteuses de billets de dernière génération. Et pour cause, ce sont des faux billets imprimés sur du vrai papier destiné à la Banque d'Algérie. Si l'affaire de vol des papiers fiduciaires, en 2006, à Marseille, qui n'a pas encore livré tous ses secrets (plusieurs rouleaux de papiers fiduciaires destinés à la Banque d'Algérie n'auraient pas encore été retrouvés), elle donne le vertige à certains spécialistes financiers, compte tenu des visées diaboliques de ses auteurs, au niveau de la place bancaire algérienne, «le feu n'est pas en la demeure». En clair, s'il y a effectivement un danger de voir une fausse monnaie «circuler» aisément sur notre marché national, au niveau des banques, toutes les mesures nécessaires ont été prises pour limiter les dégâts. Selon le délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), «l'opération de détection des faux billets s'inscrit tout d'abord dans le cadre du renforcement du dispositif interne pour la gestion de la liquidité». Selon Abderrahmane Benkhelfa, toutes les agences bancaires possèdent de nouveaux matériels très sophistiqués, et ce, afin de faire face au trafic de faux billets qui prend aujourd'hui une ampleur plus accentuée que jamais. La même source ajoute que les banques algériennes n'attendent pas la survenue de ce genre d'affaire pour multiplier la vigilance et la surveillance. Au contraire, l'opération de surveillance et de détection se fait régulièrement et sans relâche. «Détecter des faux billets est régi par un processus technique et électronique. Ledit processus permet de détecter de vrais faux billets sans difficulté», nous a expliqué ce banquier. Comment, alors, détecter des billets qui sont quasi parfaits, indétectables aux UV, d'autant qu'ils sont imprimés sur du vrai papier, notamment celui volé en France et destiné à la Banque d'Algérie ? M. Benkhelfa s'est voulu rassurant : «Certaines compteuses de billets sont dotées des logiciels de dernière génération. Ils détectent tout et mettent à nu toutes les anomalies. Ces logiciels permettent, entre autres, la vérification du numéro et de la signature que portent ces faux billets. Et toutes les banques algériennes nationales et privées actualisent leurs logiciels et suivent de très près l'évolution des situations. Absolument rien n'a été laissé au hasard», nous a précisé la même source. Celle-ci a indiqué toutefois que ces opérations de surveillance ne peuvent se faire en dehors du circuit officiel. «La banque peut détecter uniquement ce qui est dans son circuit dès son entrée à sa sortie.» Une chose est sûre, résume M. Benkhalfa : les banques se dotent des moyens matériels adéquats pour une telle opération et un personnel formé est affecté spécialement pour une telle tâche. S. B.