Le président de la Compagnie algérienne de banque (CAB) interpelle la Banque d'Algérie. Deux fois par an, le gouverneur de la Banque de France reçoit les dirigeants de toutes les banques commercialeBANQUES PRIVEES - BANQUES PUBLIQUESs, grandes et petites, et ce, dans un cadre relationnel des plus anodins. En Algérie, toutes les sollicitations introduites par les banquiers privés, nous dit-on, pour escompter une entrevue avec le responsable de la banque mère, se sont avérées infructueuses. Révolté par de telles attitudes qui frôlent, selon lui, le mépris à l'égard du privé, M. Omar Dechemi, PDG de la Compagnie algérienne de banque (CAB), s'est insurgé contre le comportement de certains responsables du secteur qui “ne répondent jamais à nos requêtes alors que nous sommes, en principe, des acteurs légaux et tout à fait en droit de jouir de relations de partenariat avec l'ensemble des maillons de la place”. La CAB, qui est pratiquement, en l'état actuel de la place financière nationale, la seule banque privée à capitaux algériens à maintenir son élan sur le marché, subit de plein fouet les conséquences du climat de doute et de méfiance, instauré, ces derniers temps, dans les relations commerciales entre différents intervenants du système. Pourtant, rien ni aucun incident ne peuvent justifier ce qui peut s'apparenter à un excès de prudence injustifié à l'égard de cette institution privée dont le parcours ne souffre aucune irrégularité, signale son président. “Des inspections de la Banque d'Algérie, auxquelles nous adhérons pleinement, sont régulièrement opérées au niveau de notre banque. Mais, ces rapports ne nous sont jamais retournés, alors qu'ils peuvent nous servir comme outils et éléments d'appréciation”, dénonce le patron de la CAB à l'occasion d'une émission de la Radio nationale sur le thème de l'heure ayant trait au devenir des banques privées algériennes. Sûr de ses déclarations et convaincu de la solidité de la signature de son établissement à l'étranger, “puisque plus de 76 correspondants étrangers nous font confiance et confirment nos opérations sans hésiter”. M. Dechemi soulève le paradoxe : “Dans notre propre pays, on ne nous fait pas confiance et on se précipite à généraliser au lieu de tenir compte de la solvabilité et du sérieux de chacun.” Il rappelle l'épisode catastrophe des chèques refusés par les établissements bancaires publics et des entreprises nationales qui “ont clairement affiché leur préférence pour les banques privées à capitaux étrangers, alors que ces dernières sont au regard de la loi de droit algérien et donc soumises au même titre que toutes les autres aux mêmes règles”. Seul le marché doit, en principe, agir en toute liberté mettant en avant le facteur transparence, d'autant que la cab, indique-t-il, se plie à toutes les règles prudentielles de gestion et dispose d'instruments de contrôle interne qui interviennent régulièrement et ce, sans omettre la publication de “nos chiffres et bilans”, poursuit ce privé pour lequel la Banque d'Algérie est plus que jamais interpellée dans ce cafouillage et sa responsabilité engagée quant à “d'éventuelles conséquences graves sur la place si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement”, avertit-il. Au cours de la même émission, le président de la cab a relevé l'incapacité de l'association professionnelle des banques ABEF de ramener le calme et l'apaisement “car elle n'a pas été écoutée ni suivie lorsqu'elle a tenté de rassurer sur l'affaire des refus de chèques privés”. Des chèques toujours refusés même à l'encaissement, entraînant ainsi une phobie certaine sur cet instrument de paiement juste parce qu'il sort des guichets privés. On en arrive à suggérer l'idée de banques en bois après celle des chèques en bois, en omettant que derrière chaque chèque, il y a un établissement bancaire, sans aucune autre forme de considération, pour peu qu'il ne soit pas un agent clandestin. Et derrière chaque banque, il devrait, en principe, y avoir l'action de la Banque d'Algérie, car cette dernière est la première à trembler sur la place dès que le moindre malaise se fait sentir ; ainsi est structuré tout marché bancaire universellement reconnu. Sans l'implication de l'autorité monétaire, rien n'exclut que l'on n'arrivera à refuser les billets de banque et toute monnaie fiduciaire nationale, juste parce qu'ils sortent des banques privées ; c'est cela toute la signification du refus d'accepter un chèque au-delà de tout autre portée dangereuse qui incite au refus flagrant de commercer et d'accepter des formes de paiement irrévocables. A. W.